Chanson douce

Leïla Slimani

Gallimard / Folio

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Le pitch

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou.

Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.

A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture.

Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

Mon avis

Prix Goncourt 2016 et, à l'heure où j'écris ces lignes, déjà 500 000 exemplaires vendus.

Je vais tenter d'être bref, car une fois de plus, je suis assez furieux contre les jurés Goncourt.

N'y a-t-il donc qu'un roman comme Chanson douce pour représenter, aujourd'hui, l'excellence de la littérature française ?

Est-ce bien sérieux ?

Le rôle des prix majeurs n'est-il pas de repérer, parme la masse effrayante de romans qui sont publiés chaque année, ceux qui sont différents, excellents, novateurs, tristes ou drôles, capables de choquer, de faire vibrer, rire, étonner les lecteurs qui font confiance aux jurys pour défricher et montrer les œuvres qui vont donner envie aux gens de lire ?

Ce travail de prosélytisme, en leur âme et conscience, les jurés Goncourt ont-ils l'impression de l'accomplir ? Parce que si c'est le cas, ils se trompent gravement !

Chanson douce n'est pas un mauvais roman, dans le sens où il n'est pas détestable, haïssable. Mais il n'en est pas bon pour autant car il ne possède ni le fond, ni la forme qui justifieraient cette distinction.

Pas le fond, car cette petite histoire, tragique le temps d'un premier chapitre qui a le double tort de mettre de l'intensité pendant quelques pages avant que l'auteur n'abandonne totalement l'idée d'en placer dans le reste du roman, et de supprimer le peu d'incertitude qui aurait pu donner un sens au récit (le lecteur sait dès la première page ce qu'il va se passer à la fin), reste juste au bout totalement obscure sur les intentions de l'auteure.

Où veux-t-elle en venir, que veux-t-elle montrer, expliquer, qu'elles sont ses intentions ?

Totalement éviscéré de tous sentiments, le roman est aussi plat qu'un constat d'huissier.

Nulle place possible pour la moindre empathie : les personnages ne sont que des silhouettes en carton qui, quand on les basculent, laissent place au vide le plus total.

Rien à découvrir si ce n'est l'histoire, factuelle, d'une jeune femme qui a raté sa vie, qui glisse dans la folie (pourquoi ? Mystère) et finit par tuer les enfants qu'elle garde, ceux d'un couple de bobos qui, par facilité, les a abandonnés entre ses mains pour satisfaire leur égo dans un grand trip professionnel.

Circulez, il n'y a rien d'autre à voir.

Pas la forme, car le choix de Leïla Slimani de procéder durant deux cents pages par phrases courtes, quelques mots à la fois, au présent, en usant d'un vocabulaire d'une grande pauvreté, empêche le lecteur de prendre son plaisir, ce plaisir de lecteur que tant d'auteurs semblent totalement oublier, écarter de leur équation d'auteur.

Un auteur écrit pour ses lecteurs, pas pour lui, bon sang ! Ou alors, il garde ses petits plaisirs narcissiques dans son tiroir !

Vous l'avez compris, je suis fâché.

C'est une erreur, car le livre de Leïla Slimani (qui parait être par ailleurs une jeune femme fort sympathique) n'a qu'un principal défaut : celui d'avoir été la cible de beaucoup trop d'honneurs pour sa valeur; et ça, il n'y peut rien !

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