La chatte sur un toit brûlant

Tennessee Williams

10/18

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Le pitch

Naufragés des tempêtes matrimoniales, Brick et Margaret semblent avoir touché le fond.

Véritable "scandale vivant", Brick éteint ses angoisses à coups de whisky... Comme une chatte sur un toit brûlant, Margaret tente de ranimer leur couple...

Mais le fantôme de Skipper, ami défunt de Brick et amant malheureux de Margaret, persiste à semer la discorde...

Mon avis

Je reprends ici pour commencer l'introduction de ma critique de Soudain l'été dernier, car elle s'adapte parfaitement à la plupart des pièces de l'auteur :

Lire les pièces de Tenessee Williams, lorsqu'on a vu, apprécié (parfois adoré) leur adaptation au cinéma, est-ce que cela a un sens ?

C'est une vraie question car, de tous les grands dramaturges américains, c'est bien lui dont l'oeuvre est la mieux mise en valeur, je dirais même magnifiée par ce support. Un tramway nommé désir, Soudain l'été dernier, La ménagerie de verre, La nuit de l'iguane... et Une chatte sur un toit brûlant.

Le succès de ses adaptations est sans doute dû essentiellement au fait qu'elles ont été réalisées par d'immenses metteurs en scène (Elia Kazan, Richard Brooks, Joseph Mankiewicz, John Huston), et interprétés par les plus grands acteurs et actrices de leur génération (Marlon Brando, Vivian Leigh, Elisabeth Taylor, Paul Newman, Ava Gardner, Katharine Hepburn, n'en jetez plus !), mais ce n'est pas la seule.

Dans le théâtre de Williams, il y a avant tout des ambiances, et elles ne peuvent être qu'amplifiées, sublimées par le cinéma. Et dans son théâtre, il y a énormément de non-dit, de "sous-texte", que le cinéma permet de traduire en image.

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La chatte sur un toit brûlant

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La chatte sur un toit brûlant se prête particulièrement bien à l'adaptation cinématographique car la pièce se déroule sur un plateau terriblement "ouvert", avec une chambre, et des portes qui donnent sur plusieurs pièces : salle de bains, couloir, une véranda (visible).

Williams, à l'aide de didascalies nombreuses (comme toujours chez lui), fait bouger, s'agiter de personnages particulièrement nombreux qui entrent, sortent, se croisent, mais anime aussi le background du décor de multiples bruits, bribes de dialogue, agitation de la nature (oiseau, orage).

En fait, la pièce est un véritable script de cinéma, tout est déjà là pour le metteur en scène, et les spectateurs de la pièce en auront pour leur argent puisqu'ils auront une pièce et un film mêlés...

Tout cela pour vous faire comprendre que ce magnifique texte possède une forme d'une modernité formidable, même si, sur le fond, certains des thèmes abordés ont un peu vieilli depuis la création de la pièce il y a quelques soixante années.

Comme toujours chez Williams, on retrouve la saveur, la chaleur et le poids de l'atmosphère du grand sud, l'homosexualité refoulée (niée, parfois), la fascination et la répulsion mêlées pour la sexualité de la femme, l'alcoolisme, la paternité (ou maternité) dévoyée (père ou mère, selon les pièces) étant en quelque sorte des monstres pour leurs propres enfants.

Avec La chatte sur un toit brûlant, Tennessee Williams va très très loin dans le choc des sentiments, les haines familiales, l'amour contraint ou refusé.

Certaines scènes sont absolument choquantes de cruauté, de méchanceté.

C'est cette absence totale de pudeur qui permet à la pièce de conserver toute son acuité : la pièce est conservée dans un bain de vitriol, celui dans lequel Shakespeare a pu plonger si bien ses grands drames trois siècles plus tôt.

Le résultat est tout à fait remarquable et vous devez absolument lire ce texte admirable.

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