Dans la forêt

Jean Hegland

Gallmeister

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Le pitch

Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt.

Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.

Considéré comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.

Mon avis

Dans la forêt est un roman, mais c'est aussi un phénomène bizarre.

Premier roman de Jean Hegland, publié très difficilement en 1995 aux U.S.A. après de multiples refus, il devient sur le tard un best seller international (au point d'être porté à l'écran en 2015) , publié en France seulement vingt ans plus tard par les éditions Gallmeister.

Vendu dans notre beau pays à plus de 150 000 exemplaires par un bouche à oreille formidable, il est considéré aujourd'hui comme un roman survivaliste important par une certaine communauté, essentiellement féminine, pour des raisons que, après sa lecture, je ne m'explique que très partiellement.

Dans un premier temps, j'avoue avoir été vraiment séduit par l'atmosphère post apocalyptique (la civilisation est out, détruite par plusieurs pandémies qui ont décimées la population) de ce récit que l'on doit bien considérer comme de la SF, sur un postulat très proche de Station eleven, de Emily St John Mandel.

L'exacte première moitié du livre permet de suivre, par la voix d'une des deux jeunes héroïnes, le lent déclin du monde dans lequel elles vivent : disparition de l'électricité, épuisement des ressources (dont l'essence), puis la mort de leurs deux parents, fin progressive des contacts avec la civilisation...

La description de la petite communauté familiale dans laquelle les deux adolescentes ont appris à se débrouiller, au contact direct avec la nature, est vraiment habile, subtile, comme l'est l'installation d'un climax anxiogène qui finit par tout étouffer.

Après cent cinquante pages, tout est devenu triste, oppressant, déstabilisant, un peu comme dans la dernière demi-heure du film Melancholia, de Lars Von Trier.

Le lecteur (c'est moi) s'attend alors à ce que le roman bascule vers une fable tout aussi subtile sur les rapports de l'homme avec la nature, peut-être une leçon de survie... sauf que pas du tout.

En quelques dizaines de pages, l'histoire sombre dans un pathos où les deux personnages qui portent le roman s'agitent de manière incompréhensible, en contradiction complète avec ce qu'elles étaient, et avec ce qu'elles ont appris durant leurs jeunes années.

Je ne vous narrerais pas (après tout, vous irez sans doute tout de même y jeter un œil, mon avis étant bien évidemment purement subjectif) les divers événements dramatiques (oh combien ! oh beaucoup trop !) qui les conduiront à rompre avec d'énormes symboles de la civilisation, pour rejoindre la nature, dans une communion rousseauiste qui aurait sans doute fasciné les philosophes du XVIII° siècle mais qui m'a profondément navré.

J'ai horreur que l'on me donne des leçons, surtout quand elle relève ici du mauvais conte pour enfant.

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