Dites-leur que je suis un homme

Ernest J. Gaines

Liana Lévi

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Le pitch

Dans la Louisiane des années quarante, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé d'avoir assassiné un Blanc.

Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l'avocat commis d'office.

Si le verdict ne fait aucun doute, l'accusé, lui, décide de mener un combat pour retrouver aux yeux de tous sa dignité humaine...

Mon avis

Une fois de plus, le syndrome du titre traduit de travers a frappé !

Si vous lisez ce merveilleux texte - ce dont j'espère vous convaincre ! -, vous comprendrez mon étonnement à la découverte du titre original : A lesson before dying.

Un titre tellement, tellement plus beau, mais aussi fidèle à l'esprit du roman !

Mais fi de ces remarques liminaires ! Attaquons-nous au cœur du sujet : la promotion du chef-d'oeuvre d'Ernest J. Gaines.

Car ce roman de trois cents pages au style sec comme une barre de céréales mais au cœur fondant comme le plus délicieux des gâteaux à la crème (à la réflexion, je ne suis pas certain que l'excellence de mes métaphores gastronomiques vous frappe...) est un des meilleurs livres américains que j'ai eu l'occasion d'apprécier sur le sujet de la négritude et de ses malheureux corollaires, le racisme et la ségrégation.

Vous avez lu et apprécié Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, d' Harper Lee, j'imagine ? Alors ce roman est pour vous.

Pourtant, rien de spectaculaire dans la lecture des premiers chapitres de ce drame.

Grant Wiggins, le narrateur, est un homme pondéré.

Plus que pondéré : c'est l'instituteur du coin, et il se doit d'être un exemple pour ces élèves et la petite communauté de couleur qui l'entoure, même s'il ne peut s'empêcher de fréquenter une jeune femme mariée.

C'est donc avec beaucoup de recul et un style très factuel qu'il raconte comment il s'est retrouvé "embringué" par les proches de Jefferson dans une mission impossible : aider le condamné à mort (à tort) à retrouver sa dignité, avant son exécution.

Dignité qu'il a volontairement abandonnée, face à l'injustice des hommes; blancs.

Petit à petit, avec des mots d'une très grande simplicité, en écartant tout adjectif porteur d'affect, Ernest J. Gaines raconte comment Wiggins va, mieux que cette famille, mieux que le prêtre, parvenir à toucher l'esprit de Jefferson, pour le faire revenir dans le monde des êtres vivants, des humains.

Juste avant qu'il ne meure.

L'antépénultième chapitre du roman rompt avec le récit de Wiggins, puisque c'est la transcription du journal de Jefferson.

Dix pages à l’orthographe totalement phonétique qui, je n'en doute pas une seconde, vous tireront quelques larmes, comme elles m'en ont tiré.

Ne ratez surtout pas ce roman, et n'hésitez pas à l'offrir autour de vous.

Nous avons tous besoin de ce genre de livre.

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