Iroquois

Patrick Prugne

Galerie Daniel Maeghen

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Le pitch

En 1608, Québec n'est qu'un nom griffonné sur une vague carte d 'Amérique du Nord, une grande bâtisse fortifiée construite sur les rives du Saint Laurent où une quarantaine d'âmes s'apprêtent à passer leur premier hiver.

La France d'Henri IV se soucie peu de ces arpents de neiges habités par une poignée de sauvages. Plus préoccupée par les richesses que lui procurent la pêche à la baleine et la traite des fourrures, elle n'envisage nullement l'installation d'une colonie.

Samuel de Champlain, fondateur de Québec, n'aura alors de cesse de défendre "son" Canada. Il saura imposer un climat de paix et de confiance entre nations amérindiennes (Hurons, Alguonquins, Montagnais) et Français. De ces relations naîtra un commerce florissant. Peaux de castors et de loutres s'échangent à bas prix contre marmites, haches, clou et autres divers objets en fer.

Ce juteux commerce ne dure qu'un temps… Les raids meurtriers incessants que mènent les Iroquois dans la vallée du Saint Laurent contre les convois de pelleterie hurons ou algonquins exaspèrent très vite la petite communauté française. Soucieux de consolider l'alliance faite avec ses alliés amérindiens, Champlain prend le sentier de la guerre à leurs côtés et part pour l'Iroquoisie.

Mon avis

Nombreux sont qui, comme moi, sont pétrifiés d'admiration devant le talent d'illustrateur de Patrick Prugne, mais aussi par sa capacité à plonger dans le passé de l'Amérique naissante, pour raconter de splendides histoires au rythme lent, et aux méandres souvent dramatiques et violents.

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Les précédents albums de sa saga américaine (je vous recommande chaudement de vous précipiter sans tarder sur Canoe bay, Frenchman, Pawnee) constituaient, en eux-mêmes, de véritables galeries de tableaux à l'aquarelle d'une beauté étourdissante.

Patrick Prugne est, à l'heure actuelle, le meilleur dans son domaine, il faut le dire et le répéter.

Il convient également d'en profiter pour saluer au passage son éditeur, la Galerie Daniel Maeghen, pour le travail de publication réalisé avec, à la fin de chaque album, un grand cahier d'une trentaine de pages mettant en perspective le travail de documentation, de recherche effectué par l'auteur pour coller au plus près de la réalité historique.

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Chacun des albums que je viens de citer se situent dans un cadre, l'Amérique sauvage du XIX° siècle.

Une époque où, en s'éloignant de la côte est civilisée et en se dirigeant, vers le grand ouest, l'homme avait plus de chance de tomber sur un élan ou un ours, voire un indien, que sur un compatriote.

Avec Iroquois, Patrick Prugne recule dans le temps (nous sommes au début du XVI° siècle), et nous remontons vers le nord, là où se trouve aujourd'hui le Canada.

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Le dessin follement élégant de l'auteur et ses couleurs, tout en subtilité, sont toujours présents, de même que l'atmosphère, sérénité et de sauvagerie mêlées.

Mais, pour ceux qui considéraient depuis un certain temps que la faiblesse - petite faiblesse - de l'auteur est le scénario de ses albums (c'étai très visible dans son album Poulbots, qui se passe en France), vont sans doute être conforté dans leur opinion.

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Très clairement, l'album pêche ici franchement par son manque de rythme, d'intensité (l'histoire se lit en une petite demi-heure, tant le texte est réduit au minimum) et un arc narratif un peu décevant dans son développement et surtout dans sa conclusion.

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Même si je vous conseille de vous lancer dans l'aventure, juste pour le  plaisir des yeux - intense !-, je ne peux m'empêcher de penser que le talent formidable de l'auteur mériterait qu'il s’appuie, peut-être, sur un scénariste professionnel pour construire et développer ses histoires.

Le résultat n'en serait qu'encore plus formidable, et mon admiration pour son travail n'en serait que plus grand.

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