Kallocaïne

Karin Boye

Hélios

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Le pitch

Dans une société où la surveillance de tous, sous l’œil vigilant de la police, est l'affaire de chacun, le chimiste Leo Kall met au point un sérum de vérité qui offre à l'État Mondial l'outil de contrôle total qui lui manquait.

En privant l' individu de son dernier jardin secret, la kallocaïne permet de débusquer les rêves de liberté que continuent d'entretenir de rares citoyens. Elle permettra également à son inventeur de surmonter, au prix d un viol psychique, une crise personnelle qui lui fera remettre en cause nombre de ses certitudes. Et si la mystérieuse cité fondée sur la confiance à laquelle aspirent les derniers résistants n était pas qu un rêve ?

On considère Kallocaïne, publié en 1940 en Suède, comme l'une des quatre principales dystopies du XXe siècle avec Nous autres (Zamiatine, 1920), Le Meilleur des mondes (Huxley, 1932), et 1984 (Orwell, 1949).

Mon avis

Bizarre, les hasards du destin... Qu'est-ce qui permet de passer, ou pas, à la postérité ?

Regardez : Huxley et Le meilleur des mondes ? Au panthéon de la littérature ! Orwell et 1984 ? Un des sommets du roman du XX° siècle. Enseignés dans les écoles, adaptés mille et mille fois.

Et Karin Boye et son Kallocaïne ? Passés à la trappe, inconnus au bataillon, même pour un grand lecteur comme votre serviteur !

Alors qu'après ma lecture tardive de cette oeuvre majeure, je pense sans le moindre doute que le roman de cette auteure dont la courte vie s'est terminée par un suicide durant la seconde guerre mondiale est une dystopie à la portée aussi importante que les deux romans cités plus haut.

Comme quoi, à quoi ça tiens, la gloire...

Une vie trop tôt interrompue, une origine scandinave plutôt que britannique... Allez savoir...

Sur ce, trêve de considération philosophique : courrez lire cette petite merveille désespérée rééditée grâce à la ténacité de l'éditeur Les moutons électriques, dans sa collection Hélios !

En un peu plus de 200 pages denses, serrées, puissantes comme un double petit noir italien, Karin Boyle tire la substantifique moelle des conséquences de la montée des totalitarismes  en Europe durant l'entre deux guerres.

Boyle, née avec le siècle, a vu les ravages de la révolution russe, les horreurs de la montée du franquisme, l'épanouissement de la fleur vénéneuse du fascisme en Italie puis en Allemagne (elle vivait à Berlin durant la montée du nazisme !).

En donnant la voix à Léo Kall, un homme comme les autres à la vie inhibée par une société totalitaire où l'on a même perdu la notion de vie individuelle et oublié qu'il y avait une autre forme de société avant  l'Etat Mondial, elle laisse parler l'homme commun, celui qui constitue le ciment de ce pouvoir autocratique où, sous couvert de solidarité, on éradique toute individualité.

Attention : n'ayez pas peur, Kallocaïne n'est pas un pensum, ni une thèse : c'est bien un roman, passionnant, dont on tourne les pages avec une fascination morbide alors même qu'on sait où on va, vers un gouffre...

Quoi que...

Karin Boyle laisse une petite porte à l'espoir; toute petite, mais je ne vous en dis pas plus : allez-y, de confiance (Aie confiance, crois-moi, comme disait Kââ dans Le livre de la jungle !), vous m'en direz des nouvelles !

 

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