La classe de neige

Emmanuel Carrère

Folio / P.O.L.

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Le pitch

C'est sûr, Nicolas l'appréhendait, cette classe de neige... Quand une fois arrivé à la montagne il s'aperçoit qu'il n'a pas sa valise, il n'est pas loin de penser que ses pires cauchemars vont se réaliser.

Pourtant, ce que ce séjour avec ses camarades lui réserve, ce garçon à l'imagination débordante n'aurait jamais pu l'envisager. A croire que tous les sortilèges de la littérature se sont donné rendez-vous dans le chalet.

Ecrite à «hauteur d'enfant» pour mieux dévoiler l'horreur des adultes, cette oeuvre à la construction millimétrée et au suspens haletant n'en finit pas d'interroger le lecteur : l'ultime question du roman - «Que sera la vie de Nicolas ?» - le poursuit bien après qu'il a refermé le livre

Mon avis

La classe de neige a reçu le Prix Femina 1995.

Ce bref récit, qui est le dernier roman d'Emanuel Carrère (qui se détournera par la suite de la fiction stricto sensu), a en une vingtaine d'années quasiment acquis le statut de petit classique de la littérature française. Est-ce mérité ? Sans conteste, oui.

Un petit classique. Pas un immense chef d'œuvre, mais un roman solide, écrit par un auteur dont le talent transparaît à toutes les pages.

Petit par la taille, puisqu'il faut moins de 150 pages pour traverser cette courte parenthèse de la vie d'un jeune enfant dont le destin, le temps d'une semaine loin de chez lui, pour la première fois, va basculer.

Toute la maîtrise d'Emmanuel Carrère tient dans sa capacité à plonger son lecteur dans la tête d'un enfant de dix ans.

Un petit garçon encore qui, tout au long de cette semaine, va utiliser tous les moyens possibles pour se réfugier dans un cocon chaud, rassurant, pour éviter à tout prix les peurs qui vague après vague, tentent de le submerger.

Des peurs classiques, normales devrais-je dire, liées à la difficulté pour un enfant de cet âge de se confronter aux autres, et au monde extérieur.

Mais également, des peurs beaucoup plus effrayantes, nées d'un mystère - le père - et d'un drame - la disparition d'un autre enfant - qui vont se révéler beaucoup plus concrètes qu'un simple cauchemar.

Qui que vous soyez, vous avez tous en mémoire ces jours où, l'hiver, encore petit enfant, vous tombiez malade et où votre mère, après avoir pris votre température, vous confinait dans votre chambre, dans votre lit, bien au chaud, et où la fièvre vous faisait un peu délirer...

C'est ce sentiment étrange, ouaté, plein de malaise, que Carrère, avec un sens aigu de la phrase simple, parvient à recréer.

Un petit classique qu'on garde en mémoire longtemps, donc. Conseillé à tous ceux qui, désespérément, courent après le talent français !

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