La firme

John Grisham

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Le pitch

Son attaché-case à la main, un jeune homme court à perdre haleine dans les rues de Memphis. Il s'appelle Mitch McDeere : troisième de sa promotion en droit à Harvard, il a surpris tout le monde en choisissant la firme Bendini, Lambert & Locke. Ce très confidentiel cabinet de Memphis a su, par des arguments irrésistibles, s'assurer sa collaboration.

Alors vers quel contrat mirifique notre brillant juriste est-il en train de se ruer, au point d'en oublier la gravité nécessaire à la profession ?

Mitch a une excellente raison pour courir ainsi : sauver sa vie.

Mon avis

La firme est le second roman de John Grisham (après Non coupable), publié en 1991, et celui qui l'a révélé au grand public. Quand je parle de grand public, c'est un terme bien en dessous de la vérité : il vaudrait mieux parler d'immense public, car Grisham a, dès la sortie de ce livre, figuré dans le top cinq des auteurs les plus lus dans le monde... et cela fait un quart de siècle que cela dure, sans discontinuer, à raison d'un roman par an.

Grisham est l'inventeur du "thriller juridique". L'auteur, avocat pendant près de dix ans avant de se lancer dans l'écriture, possède une connaissance solide des milieux juridiques ainsi que des procédures, tant civiles que pénales. Ces romans se passent presque tous sur une toile de fond juridique; non : en fait, le juridique ne constitue pas un fond, mais bien la colonne vertébrale de ses romans !

Dans l'expression thriller juridique, comme vous l'avez brillamment remarqué, il y  a le mot thriller. Comment parvenir à passionner un lecteur, le scotcher littéralement durant 400 pages qui, le plus souvent, décrivent avec précision les méandres d'un procès ? Trois moyens :

Le premier, c'est une technique de narration et un scénario en acier blindé. Les livres de Grisham sont des mécaniques de précision, tellement structurées que nombre de ces roman seront adaptés quasiment tel quel au cinéma.

Le second, c'est un sujet passionnant et une cause morale. Grisham est une des plus grandes voix, outre-atlantique, des grandes causes : ségrégation raciale (Grisham est un homme du sud), protection de l'environnement, santé publique (ses romans sur l'industrie du tabac sont mémorables).

Le troisième, c'est une véritable sincérité dans l'approche de ses sujets. Grisham possède une réelle humanité, et ses personnages sont souvent des victimes, avec une véritable épaisseur psychologique, mais des victimes qui toujours se battent.

Bien, avec tout ça, je ne vous ai toujours pas parlé de La firme ! Un quasi premier roman... et déjà un coup de maître !

Le pitch est formidable, car c'est une sorte de condensé des thèmes abordés dans l'oeuvre ultérieure de Grisham. Devenir avocat, c'est bien beau, mais pour quoi faire ? Défendre la veuve et l'orphelin, comme l'idéalise la plupart des jeunes étudiants en droit ? Ou faire une carrière, gagner le plus d'argent possible, quitte à s'occuper plutôt de ceux qui ont de l'argent, beaucoup d'argent, même si celui-ci ne sent pas très propre ?

Déontologie de la profession, combat du bien contre le mal, du puissant contre la victime : des sujets passionnants, que l'auteur met en scène de manière virtuose, en glissant l'histoire, très vite, vers l'univers de ce qui fut le premier best seller de l'histoire, quinze ans plus tôt : Le parrain, de Mario Puzzo.

Mais ce qui fascine littéralement le lecteur, c'est avant tout la description très minutieuse des conditions de travail des avocats dans les grandes firmes américaines, et plus particulièrement le terrible parcours du combattant que doivent effectuer ceux qui veulent vraiment réussir : facturer, facturer encore, plus de cents heures par semaine. Plus de vie de famille, plus de vie du tout, même plus de nuit... C'est terrifiant.

Un livre qui a marqué la littérature populaire américaine, à juste titre. C'est un des meilleurs Tourne Page de la littérature contemporaine qui ne sera dépassé... qu'un an plus tard, par Grisham himself, avec L'affaire pélican !

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