La romancière et l’archéologue

Agatha Christie

Payot

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Le pitch

En 1930, Agatha Christie, alors âgée de quarante ans et divorcée depuis peu, laisse derrière elle sa chère Angleterre et sa carrière littéraire pour découvrir le site d'Our en Iraq.

Elle a pour cicérone Max Mallowan, un archéologue de vingt-six ans qu'elle épouse quelques mois plus tard. Commence alors une vie de voyages à deux : cinq saisons de fouilles se succèdent jusqu'en 1939.

Si la romancière passe beaucoup de temps à nettoyer les trouvailles de son mari avec une aiguille à tricoter et un pot de crème pour le visage, elle n'en continue pas moins à écrire, mais ce n'est que des années plus tard, en pleine guerre, qu'elle entreprendra de raconter ses aventures au Moyen-Orient, avec nostalgie, certes, mais surtout avec un humour inoxydable et un art consommé de l'autodérision.

Mon avis

Agatha Christie, la reine du crime, l'immortelle auteur de tant de romans policiers inoubliables, n'a pas vécu tout son existence recluse, les mains sur son clavier de machine à écrire.

Je vous invite, à ce propos, à lire l'imposante et passionnante Une autobiographie qu'elle a écrit à la fin de son existence.

Dans le chapitre 9 de ce livre qui se lit comme un roman, intitulé "La vie avec Max", elle raconte l'existence d'aventurière qu'elle a vécu, après un divorce difficile, au Moyen-Orient avec son second mari, Sir Max Mallowan, qui lui fit partager sa passion pour l'archéologie.

C'est sur cette période qu'Agatha Christie s'était auparavant focalisée dans La romancière et l'archéologue, joli titre français qui n'a rien à voir avec le titre original (Come, tell me how you live).

Ce livre, publié juste après la seconde guerre mondiale sous son nom complet (Agatha Christie Mallowan), a remporté un succès formidable, malgré le fait qu'il n'ait rien avoir avec un roman policier.

Succès mérité mille fois car cette tranche de vie est absolument passionnante.

Sur trois cents pages, l'auteure raconte, avec son habituelle plume d'une liberté totale, les cinq saisons passées avec son mari sur le terrain, en Syrie et en Irak, de 1936 à 1939.

Devenue elle-même une véritable passionnée d'archéologie, elle a alors vécu embedded, à la dure, comme une professionnelle.

Le récit est passionnant pour au moins trois raisons.

La première - et la principale -, c'est qu'il s'agit certainement du texte le plus complet que j'ai eu le plaisir de lire sur ce qu'est - ou était - le métier d'archéologue à la grande époque.

Les moindres détails quotidiens, pratiques, logistiques, techniques sont longuement exposés; ils ne peuvent que fasciner tout être ayant eu, un jour ou l'autre, une attirance pour ce métier.

La seconde, c'est que l'on plonge vraiment dans la vie au Moyen- Orient entre les deux guerres, avec les rapports complexes qui pouvaient exister entre les occidentaux et les populations locales.

La troisième, c'est que c'est une occasion parfaite pour accompagner l'auteure durant quelques heures, redécouvrir sa personnalité riche, généreuse, complexe, son humour ravageur (on rit énormément à la lecture de ses piques et remarques so british).

Cette période et ces voyages marqueront tellement Agatha Christie qu'ils lui inspireront trois de ses romans les plus célèbres : Le Crime de l'Orient-Express, Meurtre en Mésopotamie et Mort sur le Nil.

Un récit qui se lit comme un roman, bourré d'informations, et d'une qualité littéraire indubitable.

Plus que recommandé : à lire absolument !

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