Le bûcher des vanités

Tom Wolfe

Robert Laffont / Le livre de poche

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Le pitch

Sherman McCoy mène une vie luxueuse entre Wall Street, dont il est l'un des jeunes lions, et Park Avenue. Un soir, revenant de l'aéroport avec sa maîtresse, il rate la sortie de l'autoroute, et se perd dans le Bronx.

Au moment où il croit enfin échapper à ce quartier de tous les dangers, deux jeunes noirs s'avancent, menaçants, vers sa Mercedes... Le couple parvient à s'enfuir, mais écrase l'un des deux hommes.

Pour Sherman McCoy, c'est le début de la chute. Sa vie affective et professionnelle est pulvérisée, et l'univers dont il se croyait le maître flambe sur le bûcher de toutes les vanités.

Graduellement, inexorablement, l'étau se resserre, sans que l'on sache, jusqu'aux toutes dernières pages, comment le cauchemar se terminera.

Mon avis

Lorsque Le bûcher des vanités est sorti, il y a tout jute trente ans, le monde littéraire s'est arrêté de tourner un moment, sidéré par l'impact incroyable de ce roman qui ne ressemblait à rien d'autre ; à rien !

Trois décennies plus tard, ce chef-d'oeuvre n'a pas perdu une miette de sa force, de sa puissance et doit être considéré comme un des grands romans américains du XX° siècle.

Que vous découvriez ce monstre en format broché (700 pages, un bon kilo et demi) ou en édition poche (plus de 900 pages), vous serez d'abord impressionné par  sa dimension physique. Mais cette impression sera vite effacé par le choc que vous recevrez en pleine tronche dès que vous aurez lu la première page et que vous aurez été confronté au style de Tom Wolfe.

Des phrases parlées pleines de points de suspension, d'exclamation, des dialogues bourrées d'onomatopées, un rythme syncopé qui colle au plus prêt de la réalité audible, comme si l'auteur cherchait à vous faire voir l’histoire qu'il vient décrire.

Wolfe venait du journalisme. Avec ce livre, il a inventé un style inimitable immédiatement reconnaissable, comme s'il transcrivait tout simplement sur le papier les sons et les ambiances enregistrés préalablement sur une bande magnéto.

Tiens, je vous en mettrais bien un bout, pour le plaisir, mais c'est un peu contre mes principes, à vous d'aller découvrir ! Je vous l'assure : vous ne risquez pas d'être déçu !

Scotché par ce récit géant qui vous décrit par le menu ce qu'était New York dans les années 80, juste avant le principal krach boursier depuis 1929 (eh oui, 19 octobre 1987 : - 22.9 % pour le Dow Jones !), vous allez vous balader des endroits les plus sordides de la banlieue aux salons les plus huppés de Park Avenue.

Son analyse incroyablement caustique - que dis-je : agressive, méprisante, méchante ! - des milieux les plus favorisés (c'est un euphémisme) de l'Amérique, des cadors du capitalisme sauvage, avec leur langage, leurs excès, leur incroyable égoïsme, est tellement frappante qu'elle a marqué au moins deux générations d'auteurs américains.

American Psycho, écrit en 1991, n'existerait certainement pas si Breat Easton Ellis n'avait lu Le bûcher des vanités. Jordan Belfort, Le loup de Wall Street, semble être une sorte de décalque (mais réel !) de Sherman Mc Coy, le personnage central du roman.

Lisez le chapitre 15, le masque de la mort rouge, qui raconte par le détail une soirée chez ces gens-là, avec ces troupeaux de Rayons X et de tartes au citron (je vous laisse découvrir ce que recouvrent ces termes) : vous ne l'oublierez jamais.

Le bûcher des vanités est un Tourne Page absolu (le roman se lit comme un polar), le meilleur roman de Tom Wolfe.

Vous serez pris en otage et vous dégringolerez, horrifié, les onze mille marches de l'enfer en compagnie de Mc Coy. Pour votre plus grand bonheur littéraire.

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