Le maître des crocodiles

Stéphane Piatzszekl & Jean-Denis Pendanx

Futuropolis

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Le pitch

Eté 1984. Un petit groupe de plongeurs débarque dans un minuscule archipel au large de l’île de Sumatra en Indonésie, les îles Banyak. Léo, sa femme Isabelle et leur ami Bernard sont des documentaristes venus au bout du monde au service d’une cause, l’écologie : ils veulent démontrer par le film qu’ils préparent comment l’homme en détruisant son environnement se détruit lui-même.

Le projet tourne à la tragédie quand Isabelle, enceinte, est dévorée par un crocodile géant sous les yeux de Léo. Avec le concours des habitants de l’île, Léo et Bernard partent en chasse du reptile… S’ils échouent à le tuer, ils le blessent à l’oeil.

Léo ressent un curieux lien avec l’animal. Secondé par Bernard et Sap, un jeune Indonésien, il plonge dans le repaire sous-marin du crocodile. Il échoue une fois de plus à le tuer. Mais, mystérieusement, le monstrueux animal le laisse emporter le cadavre de sa femme.

Trente ans plus tard, Léo retrouve les îles Banyak, dans un territoire encore traumatisé par le tsunami. Tel le capitaine Achab pourchassant jusqu’à la folie Moby Dick, Léo dit en finir avec celui que les autochtones appellent désormais "N’a-qu’un-oeil".

Mais sa soif de vengeance n’a-t-elle pour objet que le seul crocodile ?

Mon avis

Vous l'avez compris en lisant le pitch :  Stéphane Piatzszekl a quelques souvenirs de Moby Dick, d'Herman Melville, et il ne s'en cache pas.

On peut même dire qu'il le revendique, et que c'est sans doute un peu une obsession puisqu'il est aussi l'auteur d'une série policière intitulée Commandant Achab, dont le héros a une jambe de bois...

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Le maître des crocodiles

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Comme la couverture de cet album affiche un énorme crocodile, le lecteur comprend donc très vite que le héros de l'histoire "one shot" (qui fait tout de même près de 140 planches) est en fait un animal, et un gros, et qu'on va parler de vengeance.

Est-ce suffisant pour en faire un  chef-d'oeuvre, à l'instar de son modèle ? Malheureusement pas.

Tout démarre pourtant fort bien, avec un premier quart d'album où l'on en prend plein les yeux, immergé que l'on est dans l'Indonésie profonde. Les illustrations à l'aquarelle de Jean-Denis Pendanx sont absolument superbes, avec des couleurs qui pètent. Ciel, mer, île : dépaysement garanti.

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Le maître des crocodiles

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Ajoutez à cela un contexte "éco-responsable" qui, s'il manque carrément de subtilité, est plutôt sympathique, et tous les ingrédients sont là pour lancer une histoire passionnante.

Mais après, cela se gâte un peu.

D'abord pour l'héroïne principale qui, bien qu'elle soit enceinte, se fait croquer par la méchante bestiole dont nous parlons depuis le début.

Puis pour le lecteur, qui se retrouve un peu largué par le scénariste qui ne tient pas vraiment son scénario, qui part un peu dans tous les sens au niveau des intentions et qui se prolonge beaucoup trop longtemps (70 planches auraient largement suffi).

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Le maître des crocodiles

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Qu'est-ce que Stéphane Piatzszekl cherche à raconter ? Moby Dick ? Alors cela a déjà été fait, en beaucoup mieux.

Une histoire sur les problèmes écologiques au fin fond de l'Asie ? Bizarre, car il lâche très vite le sujet, pourtant central dans les premières planches.

Le destin d'un homme ? Dans ce cas, c'est assez raté car, dans une mise en scène étrange, le récit s’interrompt à la moitié de l'album et reprend trente ans plus tard, sans qu'on sache vraiment qui est le héros, ce qu'il a fait, ce qu'il veut (à par la vengeance, mais alors pourquoi si tard ?).

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Le maître des crocodiles

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Dommage, dommage, car il y a dans cet album des ambiances et des paysages de l'Asie exotiques (pour nous !) et admirables.

Les illustrations sont superbes jusqu'au bout (avec pour terminer une double planche sous-marine formidable). Rien que pour elles, vous pouvez aller faire un tour du côté du très méchant croco (mais qui a une bonne raison de l'être...) qui lui, est très réussi (brrrr... !)

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