Le ventre de New York

Thomas Kelly

Rivages / Noir

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Le pitch

Les frères Adare ont grandi dans une famille ouvrière du Bronx. A la mort du père, Paddy Adare est élevé par son oncle et devient le bras droit d'un chef de gang irlandais. Son frère Billy suit une autre voie et entre à l'université. Pour financer ses études, il travaille au creusement d'un tunnel qui doit alimenter la ville de New York en eau potable. Deux itinéraires, deux mondes incompatibles qui vont s'affronter.

Mêlant étroitement fiction et réalité, Thomas Kelly dépeint l'univers hallucinant des tunnels où des hommes-taupes creusent au péril de leur vie, un univers qu'il a côtoyé de près pour y avoir lui-même travaillé.

"Le Ventre de New York bouleverse par son humanité et sa tolérance... A l'instar d'un Tom Wolfe ou d'un Bret Easton Ellis, Thomas Kelly restera, avec une chaleur que n'ont pas ses prédécesseurs, comme un des portraitistes aigus de la face obscure des années Reagan." (Michel Abescat, Le Monde)

Mon avis

Le ventre de New York est le premier des - seulement - trois romans écrits par Thomas Kelly au cours des vingt dernières années (quel dommage que sa productivité soit si faible !*).

Et, dès le premier roman, le lecteur sait qu'il a affaire à un auteur exceptionnel, que je ne saurais mieux comparer qu'à un Dennis Lehane doté d'une fibre particulièrement sociale.

Kelly, comme tout grand auteur américain de romans noirs, se nourrit de ses origines et de ses expériences.

Il est irlandais - on s'en doutait un peu avec un nom pareil ! - et ses personnages principaux le sont aussi (il y a donc beaucoup de flics parmi eux !)

Il a travaillé dans le bâtiment, et ses héros sont des ouvriers - mineurs de fond pour construire une canalisation d'alimentation en eau ici, constructeurs de gratte-ciel dans Les bâtisseurs de l'empire.

Il a passé son enfance et sa jeunesse et son adolescence dans le Bronx, et ses romans sont autant de plongées hyper réalistes dans le New York populaire.

Irlandais, manœuvres, flics et voyous, New York... voilà de quelle chair sont composés les romans rares et les rares romans de Thomas Kelly. Et le résultat est assez exceptionnel.

Le ventre de New York est un drame social naturaliste, sans aucune concession, une sorte de croisement entre un Germinal des années du reaganisme américain (une partie du roman se passe à 300 mètres de profondeur sous la surface de la grosse pomme) et un film de Scorsese peuplé de Joe Pesci (le bouquin pullule de mafieux psychopathes, terrifiants).

Ce n'est pas un roman policier en soi, mais plutôt le récit d'un drame antique.

Le destin de deux frères, un "bon" et un "mauvais" qui va se croiser et se recroiser, jusqu'au drame.

Dès le départ, on sent que cela va être terrible, que le roman va probablement mal se terminer mais, comme dans un roman de Jim Thomson, le lecteur poursuit sa lecture, fascinée par tant de noirceur.

Ce n'est pas un polar, c'est un grand roman. A ne pas rater, s'il vous plaît, sauf si vous êtes du genre sensible...

*Quel dommage que, depuis son dernier (et meilleur) récit qui date de 2005 (Les bâtisseurs de l'empire, dont je parle également sur ce site), Kelly ait déserté le ring impitoyable du roman américain !

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