L’homme qui rétrécit

Richard Matheson

Folio SF

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Le pitch

"L'araignée fonça sur lui dans l'ombre des étendues sableuses, tricotant furieusement de ses pattes immenses. Son corps ressemblait à un œuf gigantesque et luisant qui tremblait de toute sa masse noire tandis qu'elle chargeait à travers les monticules privés de vent, laissant dans son sillage des ruissellements de sable.

L'homme en resta paralysé. Il vit l'éclat lumineux des yeux de l'araignée. Il la regarda escalader une brindille de la taille d'un rondin, le corps haut perché sur ses pattes que le mouvement rendait floues, jusqu'à atteindre le niveau des épaules de l'homme."

Mon avis

Sans Richard Matheson, l’histoire de la littérature fantastique n'aurait pas été la même.

Grand auteur de nouvelles devant l'éternel (relisez son recueil de Nouvelles 1950-1953, c'est une merveille), il a su également, le temps d'une poignée de courts romans (dont l'extraordinaire et immensément célèbre Je suis une légende), révolutionner le genre pour le faire entrer dans la modernité.

Son idée et son audace ? Confronter l'homme aux conséquences de ses progrès et - parfois - divagation scientifique, et en tirer les conséquences, aussi terribles soient-elles.

Dans L'homme qui rétrécit, sans doute son meilleur roman après Je suis une légende, Matheson fait passer son héros à la moulinette de la peur nucléaire qui, aux Etats-Unis obnubile les habitants.

On est en pleine guerre froide, le gouvernement fait exploser des bombes A, puis H dans l'atmosphère des déserts de l'Ouest américain sans avoir encore vraiment compris les conséquences des radiations atomiques.

Scott Carey est exposé accidentellement à des radiations (on le comprendra plus tard) et sa vie va enêtrebouleversé fondamentalement puisqu'il commence à rétrécir...

Tout l'art de l'auteur est de maintenir son récit au niveau humain. Il observe Carey comme s'il était le cobaye d'une expérience nucléaire.

Avec un œil scientifique car le lecteur suit, par une série de retours en arrière, la lente évolution physique de l'homme qui, peu à peu, perd tous les attributs de son statut d'être humain pour, progressivement, devenir une sorte de monstre de foire.

Perte d'identité vis à vis de sa femme, sa fille, confrontation avec les animaux domestiques qui deviennent pour lui de terribles dangers.

Très vite, onplonge dans un roman de survie, comme si Scott Carey était sur une planète hostile. Le récit est pratique, pragmatique, totalement efficace.

Mais  le récit ne serait pas aussi mémorable si Richard Matheson ne portait pas, en même temps, un regard plein d'empathie sur le destin de ce pauvre type qui se retrouve dans une situation... impossible.

Je ne vous parlerai pas de la chute de l'histoire (que vous connaissez peut-être si vous avez vu l'adaptation cinématographique, très réussie), mais elle donne une dimension métaphysique au roman qui finit de lui garantir une pérennité dans l'histoire de la littérature fantastique.

Si vous aimez le genre, ce titre est incontournable !

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