L’oeuvre

Emile Zola

Folio classique

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Le pitch

Camarade de jeunesse de Cézanne, ami et défenseur de Manet et des impressionnistes, Zola a résumé dans L'Œuvre toute son expérience du milieu et des problèmes de la peinture sous le Second Empire et les premières décennies de la IIIe République.

Document de premier ordre sur ces " Refusés ", ces " plein-airistes " que nous considérons comme les fondateurs de la modernité, L'Œuvre dit aussi la tragédie d'un homme, Claude Lantier, tempérament romantique hanté par des rêves d'absolu, le désir de " tout voir et tout peindre.

Des fresques hautes comme le Panthéon ! Une sacrée suite de toiles à faire éclater le Louvre ! " Mais, devant l'incompréhension de l'époque, l'absolu du rêve deviendra celui de la détresse, et Claude, qui a commencé comme Manet, aura la même fin que Van Gogh.

Mon avis

Claude Lantier, le fils de Gervaise, est le personnage principal de L'oeuvre, le quatorzième volume des Rougon-Macquart , et Lantier, déjà présent dans Le ventre de Paris, n'est pas le héros le plus réussi du cycle, loin de là.

C'est, à mon avis, la critique la plus évidente que l'on peut faire à cet ouvrage  très ambitieux; et ce n'est pas un détail car, jamais au cours du récit (même à la fin...), le lecteur ne ressent vraiment de sentiments pour Lantier; or, il est évident que, dans un roman, l'empathie - positive ou pas - que ressent le lecteur pour les personnages principaux est un moteur essentiel de la narration.

Ouvrage très ambitieux, car c'est dans ce livre - et presque uniquement dans celui-ci - que Zola aborde le sujet de l'Art, dans quasiment toutes ses dimensions.

On a beaucoup reproché à Zola, surtout lors de sa sortie du livre, mais aussi par la suite, d'avoir écrit un roman à clé. Les "plein-airistes", ce sont les impressionnistes, Lantier, c'est Cézanne... Quel mauvais, et quel faux procès !

Bien entendu, Zola a pioché, ça et là, dans le paysage artistique - et plus particulièrement celui de la peinture - du second empire et de la troisième république ! Mais est-ce vraiment l'important ? Si vous n'avez pas encore abordé ce roman, plongez dedans, maintenant qu'un siècle et demi s'est écoulé, sans arrière-pensée.

Vous y découvrirez d'innombrables détails passionnants sur l'époque, sur la manière dont les mouvements artistiques provoquaient passions, haines et ferveur (nous sommes bien loin de cela, aujourd'hui...), mais aussi sur la façon dont fonctionnait le modèle économique du "secteur" (si vous me permettez ce terme détestable) durant la seconde partie du XIX° siècle.

Vous en apprendrez aussi beaucoup plus sur les mécanismes de la création artistique que dans la plupart des cours sur l'histoire de l'art, ou dans les visites guidées des plus grands musées.

L'oeuvre est loin d'être le meilleur roman de Zola, mais c'est certainement une de ses études sociologiques les plus passionnantes, même si, pour une fois, il met sous la lentille de son microscope un... microcosme.

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