Station eleven

Emily St. John Mandel

Rivages

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Le pitch

Dans un monde où la civilisation s'est effondrée, une troupe itinérante d'acteurs et de musiciens parcourt la région du lac Michigan et tente de préserver l'espoir en jouant du Shakespeare et du Beethoven.

Ceux qui ont connu l'ancien monde l'évoquent avec nostalgie, alors que la nouvelle génération peine à se le représenter. De l'humanité ne subsistent plus que l'art et le souvenir.

Peut-être l'essentiel.

Mon avis

Si vous parvenez à prononcer le nom de la jeune auteure, n'hésitez pas à en parler autour de vous car, indubitablement, Emily St. John Mandel, fait partie des plumes à surveiller pour l'avenir.

Il n'y a qu'à voir comment, dans ce roman de "science-fiction" (on devrait plutôt utiliser le terme d' "anticipation", comme on le faisait il y a un demi-siècle pour caractériser les romans qui parlent du futur), elle transcende complètement le thème classique, post-apocalyptique (que se passerait-il si tout le monde - ou presque - mourrait subitement) pour en faire une oeuvre littéraire à part entière, puissante, dérangeante...

Au départ pourtant, une idée cent fois rebattue : un virus, détruit 99.9999 % de la population mondiale. Quid des survivants ?

La réponse, dans ce type de situation, est rarement traité avec finesse par la littérature .

Dans le pire des cas, on a droit à une chronique survivaliste un peu bourrin montrant comment une poignée de survivants affrontent les dangers du nouvel ordre mondial. Parfois, il y a des zombies, comme dans Walkind dead.

Dans le meilleur des cas, on obtient un chef-d'oeuvre, comme avec La route, de Mc Carthy.

Mais toujours, toujours, la méthode de narration consiste à suivre l'après, et juste l'après.

Avec Station eleven, on change de braquet.

Emily St. John Mandel a pris le risque de développer, par petites strates, une structure complexe, où le lecteur va et vient dans le temps : avant l'holocauste, pendant, après, longtemps après, longtemps avant...

A chaque touche de pinceau, le tableau général se précise, s'éclaire.

Les personnages apparaissent dans la lumière, les liens subtils existant entre eux s'établissent, se nouent.

Lorsque la fin s'annonce, après près de 500 pages, on quitte les personnages principaux avec regret, un pincement au cœur, comme de vieilles connaissances. Car on sait d'où ils sont venus, où ils sont, et probablement là où ils vont aller.

Réflexion puissante et subtile sur la précarité de notre civilisation, de la célébrité, critique implicite des objectifs à court terme sur lesquels sont souvent bâtis nos existences, roman subtilement ouvert sur un message que l'on pourrait qualifier d'espoir, Station eleven est un roman tout à fait remarquable auprès duquel vous ne devez en aucune manière  passer à côté.

Surtout si la SF ne vous inspire pas.

Un roman qui ne ressemble à aucun autre,à découvrir. Obligatoire !    

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