Un roman français

Frédéric Beigbeder

Grasset

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Le pitch

C'est l'histoire d'un grand frère qui a tout fait pour ne pas ressembler à ses parents, et d'un cadet qui a tout fait pour ne pas ressembler à son grand frère.

C'est l'histoire d'un garçon mélancolique parce qu'il a grandi dans un pays suicidé, élevé par des parents déprimés par l'échec de leur mariage.

C'est l'histoire d'un pays qui a réussi à perdre deux guerres en faisant croire qu'il les avait gagnées, et ensuite à perdre son empire colonial en faisant comme si cela ne changeait rien à son importance.

C'est l'histoire d'une humanité nouvelle, ou comment des catholiques monarchistes sont devenus des capitalistes mondialisés. Telle est la vie que j'ai vécue : un roman français.

Mon avis

Prix Renaudot 2009 (?), ce Roman français n'en est pas un. L'oeuvre relève plutôt de l'autobiographie, un texte dont la qualité essentielle est le style de Frédéric Beigbeder. Ce n'est pas négligeable, car c'est ce qui permet d'aller, péniblement, jusqu'au bout de la lecture.

Car Beigbeder a du style, faute d'avoir des idées, et l'on se prend à rêver d'un Beigbeder qui aurait autant de fond que de forme. Même si ces premiers romans étaient déjà foncièrement autocentrés, ils possédaient un peps, un humour et un sens de la formule ravageurs. Ce n'est malheureusement plus le cas.

Ce "roman" est long, assez peu intéressant (la jeunesse de l'auteur ressemble, sur le fond, à celle de pas mal d'enfants de la grande bourgeoisie nés dans les années soixante) malgré quelques jolies pages où l'auteur fait preuve d'une sensibilité assez touchante, car, pour une fois, il ne cherche pas à la dissimuler sous son habituel cynisme distancié.

Mais ce qui rend le livre vraiment insupportable, c'est la manière dont Beigbeder conte et raconte sur un ton geignard le "traumatisme" originel, l'instant le plus important de la fin de la Seconde Guerre mondiale (au moins !) où il est arrêté par la police et emmené en cellule pour consommation de drogue. Quand on en arrive à un tel degré d'égocentrisme et de décalage avec la vie réelle, c'est pitoyable.

L'auteur de L'amour dure trois ans ou de 99 frs parvenu à ce niveau ? Quelle tristesse !

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