Jusqu’au dernier

Jérôme Félix & Paul Gastine

Bamboo

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Le pitch

L’époque des cow-boys tire à sa fin. Bientôt, ce sont les trains qui mèneront les vaches jusqu'aux abattoirs de Chicago. Accompagné de Benett, un jeune simplet de 20 ans, Russell a décidé de raccrocher ses éperons pour devenir fermier dans le Montana. En route, ils font halte à Sundance.

Au petit matin, on retrouve Benett mort. Le maire préfère penser à un accident plutôt qu’à l'éventualité d'avoir un assassin parmi ses concitoyens et chasse Russell de son village. Mais le vieux cow-boy revient à la tête d'une bande d'Outlaws pour exiger la vérité sur la mort de Benett…

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Jusqu'au dernier

Mon avis

Si vous êtes fan de BD - tout particulièrement de western -, et si vous me dîtes que vous n'avez jamais remarqué l'album de Jérôme Félix et Paul Gastine lors de vos promenades dans les rayons de votre libraire favori, sachez que je ne vous croirais tout simplement pas !

Comment en effet, sérieusement, ne pas avoir l'œil attiré par ce grand format (24*32 cm) publié par Bamboo, l'éditeur, dans sa collection Grand angle, qui privilégie (comme son nom l'indique) la vision "comme au cinéma" ?.

Vos mirettes se seront forcement fixé sur la couverture, exceptionnelle, probablement la plus belle de la BD 2020.

Sujet, précision du trait, couleurs et contrastes incroyables, la une de Jusqu'au dernier est tellement belle que j'irais presque jusqu'à encadrer l'album pour l'accrocher au mur ! Un vrai bonheur...

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Jusqu'au dernier

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Mais il ne suffit pas d'une belle et grande image pour faire le succès d'une BD, et si le one shot de Félix et Gastine a fait un tel tabac sur la durée, c'est grâce au bouche à oreille.

Le travail d'éditeur est vraiment hors du commun : une fois la jaquette soulevée (car il y a une jaquette pour protéger l'album), le lecteur découvre, imprimé au revers, une somptueuse fresque en noir et blanc.

Fresque que l'on retrouve mise en couleurs, à l'intérieur de l'album, sujet d'un encart cartonné digne, toujours, d'une édition collector.

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Jusqu'au dernier

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Et je ne vous parle même pas de la 4ème de couverture intérieure, aussi belle que l'illustration principale...

Puisqu'on parle plume, poursuivons : le trait de Paul Gastine - à peine 35 ans - est digne des meilleurs.

Optant pour une veine totalement réaliste qui rend hommage aux anciens du genre western (Giraud,  Jijé, Boucq, Meyer) il donne beaucoup d'importance aux visages de ces personnages en privilégiant les gros plans sans pour autant oublier de sortir par moment des plans serrés pour ouvrir sur quelques paysages du grand ouest.

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Jusqu'au dernier

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Mais le plus frappant, étonnant, c'est une fois de plus le travail sur les couleurs et les contrastes. Les bleus, mais surtout les rouges brûlent d'une intensité que j'ai rarement eu l'occasion d'admirer ces dernières années.

Vous l'avez compris : je suis tombé amoureux des graphismes et des couleurs de l'album... et même si le travail scénaristique de Jérôme Félix ne manque pas de qualité (loin de là !), il n'est pas tout à fait aussi exceptionnel.

Le déroulement de l'histoire peut par moment écorcher le cerveau du lecteur, tant le scénario prend parfois des raccourcis vraiment abruptes (il aurait fallu en fait une centaine de planche pour fluidifier l'ensemble et transformer l'album en chef-d'œuvre), j'ai par contre été totalement déconcerté - mais dans le bon sens ! - par la capacité du scénariste à s'affranchir des conventions narratives.

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Jusqu'au dernier

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Attention : Jusqu'au dernier mérite bien son titre !

Contrairement à ce qui se passe dans 98 % des scénarios, la frontière entre "bons" et "méchants" est plus que floue, et les "gentils" ont autant de chance de mourir que les "vilains". Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler... mais comme cela fait du bien d'être surpris par une histoire qui s'adresse - clairement - à des adultes !

Pour toutes ces raisons, Jusqu'au dernier mérite d'être acheté et offert autour de soi. Vive la qualité et les surprises !    

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