La fièvre d’Urbicande

Les cités obscures

François Schuiten , Benoit Peeters

Casterman

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Le pitch

L'urbatecte Eugen Robick est insatisfait. La Commission des Hautes Instances, qui gouverne Urbicande, refuse l'aménagement d'un pont qui, selon Robick, rétablirait un équilibre urbain menacé. C'est dans ce contexte qu'un étrange objet fait son apparition sur le bureau de Robick : une structure cubique évidée d'origine inconnue, faite d'un métal indestructible, qui commence à lentement croître...

Prix du Meilleur Album à Angoulême en 1985, ce deuxième volume de la saga au long cours de Schuiten et Peeters paraît pour la première fois en couleurs. C'est le graphiste et illustrateur belge Jack Durieux qui a oeuvré pour souligner la majesté et la puissance de cette bande dessinée intemporelle.

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La fièvre d'Urbicande

Mon avis

Lorsque La fièvre d'Urbicande est publiée par Casterman, en 1985, dans la fameuse collection "Romans (à suivre), il parait normal aux lecteurs de découvrir un album entièrement en noir et blanc puisque l'éditeur impose alors ce format aux œuvres dont la pagination dépasse 48 planches. Un album qui fera l'unanimité puisqu'il remportera le prix du meilleur album au festival d'Angoulême. Pourtant, les auteurs avaient, à l'origine, prévus une publication en couleurs et n'avaient opté pour ce format qu'avec regret.

C'est donc avec un plaisir énorme que François Schuiten et Benoit Peters ont lancé, en 2020, ce projet de mise en couleurs de l'album. 35 ans plus tard... mais cela valait le coup d'attendre car le résultat est tout à fait spectaculaire !

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La fièvre d'Urbicande

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Le fond, l'histoire, le scénario n'a pas bougé, bien entendu, et c'est heureux car La fièvre d'Urbicande est certainement une des plus grandes réussites de Benoit Peeters.

Cette fable est une très impressionnante parabole sur le pouvoir, dont l'aspect SF est très vite dépassé par des développements fantastiques qui donnent une dimension complètement intemporelle - et donc universelle - au propos de l'auteur.

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La fièvre d'Urbicande

Une des planches du chapitre 4 dans sa version originale non colorisée

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Par contre, la forme est totalement transfigurée, magnifiée par la mise en couleurs, un travail confié à Jack Durieux, un artiste graphiste renommé qui réalisait pour la première fois - et sans doute la dernière, si on en croit sa postface ! - la colorisation d'une BD !

Qui ne connait pas le trait de François Schuiten, sans doute un des plus grands dessinateurs de l'univers BD (mais pas que) depuis près d'un demi-siècle ?

Mais ce trait, si précis, si juste en terme de perspectives (ce n'est pas pour rien s'il excelle dans le dessin d'architecture), mis en valeur habituellement par un encrage unique, immédiatement reconnaissable, gagne avec la couleur en profondeur, en réalisme... et tout simplement en beauté !

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La fièvre d'Urbicande

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Le plus étonnant, dans tout cela, est sans doute de découvrir que cet album, grâce à la colorisation de Jack Durieux, ressemble, dans ses atmosphères, au Blake et Mortimer publié un an plus tôt, Le dernier pharaon. Un album dessiné par Schuiten et mis en couleurs par... François Durieux, qui n'est autre que le frère jumeau de Jack ! Jolie histoire, non ?

Ceci dit, ne ratez pas cette édition, somptueuse à tous égards (quelle mise en page, quelle qualité d'impression !).

   

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