La malédiction d’Edgar

Marc Dugain

Folio / Gallimard

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Le pitch

«Edgar aimait le pouvoir mais il en détestait les aléas. Il aurait trouvé humiliant de devoir le remettre enjeu à intervalles réguliers devant des électeurs qui n'avaient pas le millième de sa capacité à raisonner. Et il n'admettait pas non plus que les hommes élus par ce troupeau sans éducation ni classe puissent menacer sa position qui devait être stable dans l'intérêt même du pays. Il était devenu à sa façon consul à vie.»

John Edgar Hoover, à la tête du FBI pendant près d'un demi-siècle, a imposé son ombre à tous les dirigeants américains. De 1924 à 1972, les plus grands personnages de l'histoire des États-Unis seront traqués jusque dans leur intimité par celui qui s'est érigé en garant de la morale.

Ce roman les fait revivre à travers les dialogues, les comptes rendus d'écoute et les fiches de renseignement que dévoilent sans réserve des Mémoires attribués à Clyde Toison, adjoint mais surtout amant d'Edgar. À croire que si tous sont morts aujourd'hui, aucun ne s'appartenait vraiment de son vivant.

Mon avis

Disons le tout net : si vous êtes un admirateur de Marc Dugain, un des meilleurs auteurs français contemporains (La chambre des officiers, Avenue des géants...), vous devez absolument plonger dans ce roman qui est, selon moi, son meilleur, car le plus complexe et le plus achevé.

Avec son style simple, fluide, sans afféterie (certains le trouvent fade, je ne partage pas du tout leur avis), Dugain vous prend par la main et vous emmène loin, très loin dans la découverte d'un homme d'une complexité inouïe, dépeint par son compagnon et principal collaborateur.

Si vous êtes un passionné des Etats-Unis, de la politique et de l'histoire américaine du XX° siècle, vous devez tout autant vous jeter sur ce récit qui parvient à romancer, sans jamais tomber dans les travers de l'étude biographique, un demi-siècle de la trajectoire d'un pays complexe.

Reprendre, décryptés sous un angle nouveau, les principaux événements politiques et sociologiques ayant marqué les U.S. des années 20 jusqu'aux années 70, c'est ce que propose Dugain.

C'est absolument passionnant car, même si vous entamez ce roman avec une bonne connaissance préalable du sujet (c'était mon cas), vous y découvrirez nombre de pépites, d'informations inédites.

Si vous êtes un fondu de thriller, vous avez une autre bonne raison d'enfouir votre nez dans les 500 pages de cet épais roman qui alterne, avec beaucoup de vivacité, récit, dialogues, reproduction de documents.

Le cas Edgar Hoover, le king du FBI pendant 50 ans, constitue le dossier le plus passionnant et le plus étrange qu'ont jamais eu à traiter les spécialistes des services secrets américains.

Hoover, c'est l'objet d'une enquête au fond, faits et psychologie mêlés avec beaucoup de subtilité et de maîtrise narrative par Marc Dugain.

Vous l'avez compris : La malédiction d'Edgar est le prototype même du Tourne Page. C'est à ce titre que c'est un des livres que j'ai le plus offert autour de moi au cours des dix dernières années.

Un des rares exemples de roman français contemporain capable de se hisser à la hauteur des maîtres américains du genre (James Ellroy, Dennis Lehane,...) . Indispensable.

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