L’aube, le soir ou la nuit

Yasmina Reza

Flammarion / J'ai lu

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Le pitch

" Ils jouent gros. C'est ce qui me touche. Ils jouent gros. Ils sont à la fois le joueur et la mise. Ils ont mis eux-mêmes sur le tapis. Ils ne jouent pas leur existence, mais, plus grave, l'idée qu'ils s'en sont faite."

Mon avis

Lors de sa sortie en août 2007, trois mois après l'élection de Nicolas Sarkozy, ce  livre a provoqué une gigantesque polémique.

La plupart des observateurs et des critiques ont alors descendu en flammes Yasmina Réza, cette dramaturge "à succès" qui avait eu l'étrange idée de suivre le futur président dans sa quête, sa conquête du pouvoir, pendant plus d'un an, pour en tirer une oeuvre "littéraire".

"Oeuvre littéraire" qui, selon eux, n'était qu'un ramassis de poncif sur la soif du pouvoir et la vanité des politiques.

Douze ans plus tard, à l'heure où Sarkozy cartonne bien mieux dans les librairies que dans les bureaux de vote, que reste-t-il de cet essai ?

Un essai court mais dense, un "carnet de voyage" ou l'auteure consigne, jour après jour, les impressions qu'elles ressent en suivant le candidat à l'élection présidentielle dans ses moindres déplacement,comme une journaliste embedded ?

Eh bien, il en reste que les contempteurs de l'époque, complètement aveuglés par leur amour ou leur haine (rayez la mention inutile) de Nicolas Sarkozy sont passés complètement à la plaque, au point que certains des commentaires de l'époque sont d'un ridicule achevé.

Les raisons ?

La première, c'est que Yasmina Reza, qui est tout de même la plus grande dramaturge  française contemporaine, possède un talent fou !

Ce "carnet de notes" est tellement bien écrit (contrairement à ce qu'il a été dit et écrit à l'époque) que le lecteur est fasciné, tant par le fond que par la forme, du début jusqu'à la fin (je n'ai pas pu le lâcher avant de le terminer, c'est un vrai Tourne Page).

La seconde, c'est que le sujet "Nicolas Sarkozy" est traité avec une finesse d'analyse remarquable, particulièrement troublante avec une décennie de recul.

Dans cet essai, il y a pratiquement tout ce qui fera sujet à son propos au cours des années qui suivront.

Ce n'est pas la peinture d'une femme fascinée, tombée amoureuse du personnage; ce n'est pas un portrait à charge : c'est une esquisse, particulièrement balancée, de l'être humain qui se dissimule derrière la bête politique.

La troisième, c'est que, bien au delà de l'étude du cas Sarkozy, c'est avant tout un essai sur ce qu'est la conquête du pouvoir dans une démocratie au début du XXI° siècle.

En cela, le texte est toujours d'une actualité imparable. Je l'ai trouvé passionnant.

Recommandé pour tous les amateurs de littérature qui se posent encore quelques questions sur le fonctionnement de nos institutions.

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