Les imposteurs

John Grisham

JC Lattès

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Le pitch

En commençant leurs études de droit, Mark, Todd et Zola voulaient changer le monde, le rendre meilleur. Mais aujourd'hui, étudiants en dernière année, les trois amis s'aperçoivent qu'ils ont été dupés. Ils ont contracté de lourds emprunts pour payer cette école qui semble être une usine à fric, un établissement dispensant un enseignement si médiocre qu'à la sortie personne, ou presque, ne réussira l'examen du barreau.

Et quand ils découvrent que leur école appartient à Hinds Rackley, un financier de New York qui possède aussi une société d'investissement spécialisée dans les prêts étudiants, les trois amis comprennent qu'ils sont victimes d'une grande arnaque.

Existe-t-il un moyen de se libérer du joug de cette dette écrasante, de révéler les magouilles de Hinds Rackley, et de gagner quelques dollars au passage ? C'est ce qu'ils vont découvrir à leurs risques et périls.

Mon avis

Aaaargh ! ça y est, après une lente décrue de la qualité de ses romans, après l'apparition progressif  du syndrome classique dénommé "Je ponds un best-seller depuis trente ans, mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir encore inventer ?", John Grisham a définitivement plongé !

Lui, l'inventeur et champion incontesté du thriller juridique, l'auteur des inoubliables - entre autres - La firme, L'affaire pélican, ou du petit chef-d'oeuvre classique La dernière récolte, est enfin tombé. très bas.

Oh, il y avait des signes avant-coureurs depuis trois ou quatre ans : L'ombre de Grey mountain était inconsistant, prévisible et languissant, et le tout récent L'informateur carrément raté et très ennuyeux.

Mais là...

Ne croyez pas les critiques lues de-ci de-là, écrites par des lecteurs qui, visiblement, ne connaissent pas le formidable narrateur qu'il était avant.

Ce roman est une catastrophe.

Dès les premières chapitres d'exposition, balancées à la va-comme-je-te-pousse, je me suis demandé si c'était bien Grisham au volant - ou plutôt : au clavier - !

Personnages propulsés dans le roman sans que l'auteur prennent le temps de leur donner un minimum d'épaisseur, histoire de donner un peu de background à la décision aberrante* qu'ils vont prendre de concert.

Scènes de mise en place à peine ébauchées.

Et hop ! voilà un fait déclencheur improbable (et auquel on ne croit pas une seconde) qui tombe sous le nez du lecteur et qui oriente le trio de personnages principaux vers un abîme prévisible et invraisemblable.

Invraisemblable : l'histoire est tout simplement juridiquement invraisemblable.

Comment un juriste émérite comme Grisham a-t-il pu s'embringuer dans ce récit uncrédible ?

C'est à n'y rien comprendre.

Mais surtout, surtout, ce qui m'a profondément énervé, c'est la manière dont le pitch m'a induit en erreur.

A sa lecture, je pensais lire un thriller passionnant sur le scandale et la crise potentielle des crédits étudiants, comme Grisham avait pu s'attaquer auparavant au scandale des lobbys du tabac ou des industries polluantes.

Mais le roman ne traite pas le sujet. Il le contourne pour se consacrer à... bon, je n'insiste pas.

Lecture en diagonale passé le premier tiers, pour terminer sans regret sur une conclusion (immorale) aussi incroyable que le reste de l'histoire.

Vous l'avez compris : je suis énervé comme rarement.

La colère d'un fan, trahi.

(*) Attention, spoil : ils vont abandonner leurs études de droit, prêt de la fin, et tenter d'exercer illégalement le métier d'avocat.

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