L’homme qui aimait trop les livres

Allison Hoover Bartlett

Editions Marchialy/Pocket

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Le pitch

Un voleur de livres rares, un libraire obstiné, l'histoire d'une traque haletante entre deux amoureux du livre.

Jusqu'où iriez-vous pour mettre la main sur le livre de vos rêves ? Mieux encore, jusqu'où iriez-vous pour avoir une bibliothèque remplie de vos livres préférés ?

L'Américain John Gilkey a dérobé pour 200 000 dollars de livres anciens. Son but, réunir une collection à son image. C'était compter sans la ténacité de Ken Sanders, libraire irascible, qui s'improvise détective et mène l'enquête.

À travers le récit de cette traque, l'auteur nous plonge dans l'univers fascinant du livre ancien en se posant toujours cette question : de quoi serions-nous capables par amour des livres ?

Mon avis

Avec un titre pareil, difficile pour un lecteur compulsif (Vous ? Moi !) de ne pas se jeter sur cet essai !

Enquête journalistique 100 % véridique, L'homme qui aimait trop les livres est une plongée dans un monde que nous, européens, connaissons bien mal.

La bibliophilie, telle qu'elle est pratiquée actuellement aux Etats-Unis, n'a franchement rien à voir avec la passion des livres rares vécue en France, par exemple.

Dans notre beau pays, un bibliophile recherchera les éditions rares, les éditions limitées de livres célèbres.

Il pourra y consacrer un beau budget, un sacré budget, même, mais rien à voir avec ce qu'un riche américain sera prêt à mettre pour, mettons, l'édition originale d'un roman majeur d'un auteur connu de l'après-guerre.

En France, quelques dizaines, voire centaines d'euros. Quatre chiffres ? C'est l'exception !

Aux U.S., des milliers, des dizaines de milliers - des centaines de milliers ! - de dollars !

En fait, aux U.S., le marché est énorme, le réseau de librairies spécialisées spectaculaire et la spéculation est démente.

Contrepartie ? La tentation de certaines personnes mal intentionnées pour s'accaparer ces œuvres de grande valeur est très forte, et le vol de manuscrits est un exercice courant : c'est cet univers que dépeint, par exemple, John Grisham dans son roman récent (qui n'est pas le meilleur) Le cas Fitzgerald.

C'est aussi la partie la plus intéressante de l'enquête d'Allison Hoover Bartlett.

L'auteur, dont le style très agréable dépasse largement celui d'un journaliste lambda, dépeint avec talent ce petit monde qui, pour nous français, ressemble fort à un asile de fous.

Mais ceci n'est que le décor du sujet principal du livre : John Gilkey.

Le taré absolu en matière de bibliophilie puisque, pour lui, le vol de livres n'a pas d'objectif lucratif. Il n'est pas destiné non plus à satisfaire une passion pour les livres.

Non : ce que l'auteure découvre peu à peu, c'est que Gilkey est tout simplement un homme qui, pour valoriser à ses propres yeux sa condition d'homme exceptionnel, vole des livres pour devenir le plus grand voleur sur le marché.

L'analyse de cette véritable maladie mentale est très bien faite, mais centrer l'enquête sur ce cas très particulier fait très vite regretter au lecteur qu' Allison Hoover Bartlett n'ait pas consacré un peu de temps aux autres. Les autres bibliophiles. Les vrais.

Tel est la limité de l'exercice.

Je terminerai mes propos par un rappel : en Europe, les vrais, les grands bibliophiles sont ceux qui prennent ces tirages rares pour les faire relier par de grands artisans.

Ma grand-mère était une fameuse relieuse d'art, un des plus beaux métiers du monde.

J'aimerais pouvoir vous faire partager les merveilles qui sont sorties de ces mains et qui figurent désormais dans ma bibliothèque...

 

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