La nouvelle vie de Paul Sneijder

jean-Paul Dubois

Edition de l'Olivier / Points

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Le pitch

Paul Sneijder est l'unique survivant d'un accident d'ascenseur. Sa fille y a perdu la vie.

Depuis ce jour, sa perception de la réalité s'est affinée, comme si quelqu'un avait monté le son du vacarme du monde.

Comment continuer à vivre, avec une épouse tyrannique qui rapporte un poulet rôti les jours où elle voit son amant ? En changeant de métier : promener des chiens, voilà une activité attrayante.

Mon avis

Attention : Le cas Sneidjer, titre original de ce roman, est devenu La nouvelle vie de Paul Sneidjer, avec la sortie de l'adaptation cinématographique en 2016. Je trouve ça complètement nul, cette nouvelle habitude des éditeurs de modifier le titre d'un roman pour le faire coller au marketing cinéma. En fait, c'est même assez scandaleux. Mais bon...

La nouvelle vie... est, comme toujours chez Dubois (un des meilleurs auteurs français actuels, Une vie française est même un des livres-phare paru dans notre pays depuis le début de ce siècle), un roman plein de subtilité, mélange doux-amer de réflexions sur l'existence, ponctué de nombreux éclats de rire grinçants.

A la lecture du pitch, vous l'avez compris : Paul Sneidjer est, à 60 ans (l’âge de l'auteur) victime d'un événement rarissime, un accident dans le sens littéral du terme qui, du jour au lendemain, va se révéler être l'élément déclencheur d'une remise en cause complète de sa vie.

Chez Dubois, le personnage principal est un peu toujours le même (c'est lui-même qui le dit) : un être ni bon, ni mauvais, souvent faible, mais parfois exigeant avec lui-même. Un homme qui n'aime rien tant que de ne pas interférer avec la vie des autres, et qui ne supporte pas que les autres interfèrent avec la sienne. Souvent un peu désespéré, un brin dépressif, mais sous un couvert aimable et inoffensif pour la société qui l'entoure. Un personnage complexe, donc, un être humain.

Tout au long des deux cents pages de ce court roman (qui manque parfois un tout petit peu de consistance), le lecteur se laisse happer par la capacité de Jean-Paul Dubois à raconter les fêlures du quotidien, avec une ironie mordante, un humour assez désespéré. La narration est simple, fluide, le style élégant et légèrement décalé, comme si le roman avait été écrit dans les années soixante.

La manière dont, au fil du récit, il réussit à balader le lecteur au dessus du vertige d'une dépression dont on finit par n eplus savoir où elle commence et où elle s'arrête (la famille de Sneidjer est-elle composée d'infâmes salauds, ou bien est-ce la projection plus ou moins fantasmée de sa dépression ?) est extrêmement subtile.

J'aime beaucoup Jean-Paul Dubois. Il faut que vous le découvriez.

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