Le portrait de Dorian Gray

Oscar Wilde

Le livre de poche

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Le pitch

Devant son portrait, œuvre d'un de ses amis, Dorian Gray, jeune homme d'une immense fortune et d'une exceptionnelle beauté, fait le vœu de rester tel qu'il est peint, tandis que son image vieillira à sa place.

Exaucé par une intervention magique et fatale, Dorian cède alors à tous ses caprices et à toutes ses folies. Dans les quartiers élégants de Londres et les bouges du port, sous le masque de sa beauté intacte, il mène une vie de débauche et de crime.

Esthète, monstre, dandy, il a décidé de faire de sa vie une œuvre d'art. Une vie qui ressemble à celle d'Oscar Wilde, que la société victorienne lui fit payer en le condamnant aux travaux forcés...

Mon avis

Le portrait de Dorian Gray est le seul roman d'Oscar Wilde, un des vrais génies de la littérature anglaise, dont le talent s'épanouit principalement au travers de ses pièces, nouvelles, poèmes et aphorismes.

Son seul roman, mais porteur d'un thème si puissant, si évocateur à l'âme humaine, qu'il est entré depuis un siècle au panthéon des plus grands romans modernes.

Le contrat faustien... thème éternel qui jamais, peut-être, ne fut mieux représenté, symbolisé.

Mille fois adapté au cinéma, en BD (je vous recommande surtout le chef d'oeuvre Dorian Gray de Corominas, évoqué ailleurs sur ce site), sous toutes les formes possibles et inimaginables...

Ceci dit, mais que vaut l'oeuvre originale ?

En relisant le roman il y a peu, j'ai découvert avec surprise à quel point toutes les adaptations (et mes souvenirs) avaient déformé la structure originelle : Dorian Gray n'est pas un récit d'aventure, ce n'est pas une histoire à suspens.

Au contraire : il s'agit d'un récit extrêmement statique où l'on retrouve tout le talent et le savoir-faire d'Oscar Wilde pour ce qu'il savait le mieux faire : les dialogues.

Dialogues brillants, étincelants même, bourrés de formules, d'aphorismes.

Sauf, qu'ici, foin de la mousse parfois légère de la majeure partie de ses pièces de théâtre : tout est noir,  terriblement noir même.

Pas d’éclaircie, pas de rédemption : juste la nature humaine dans ce qu'elle a de plus sordide.

La peinture de la haute société londonienne est superbe, celle des bas-fonds aussi, même si elle est passée au travers du prisme déformant du roman "réaliste" anglais de l'époque.

Style superbe, virtuose même, d'une grande densité qui pourra surprendre et même décourager le lecteur un peu novice.

Quant à la récurrence des évocations à peine voilées sur l'homosexualité des personnages principaux, on ne peut que rester bouche bée devant leur audace (surtout quand on sait comment Wilde les paiera par la suite).

Un des livres majeurs du XIX° siècle finissant, il annonce en même temps toutes les turpides morales du XX° siècle sanglant qui s'annonce.

Indispensable.

NB : La pointe de fantastique qui sous-tend le récit est conforme au mouvement qui était juste en train de porter la littérature anglaise en précurseur mondial du genre (L'étrange cas du Dr Jekyll et Mister Hyde de Stevenson est paru cinq ans plus tôt).

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