Prodiges et miracles

Joe Meno

Agullo / Le livre de poche

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Le pitch

1995, Mount Holly, une ville de l’Indiana qui se meurt. Jim Falls, vétéran de la guerre de Corée, s’efforce d’élever son petit-fils métis, Quentin, un ado taciturne qui oublie son mal-être en sniffant de la colle. L’élevage familial de poulets ne rapporte plus grand-chose, les dettes s’accumulent, l’avenir est sombre. Jusqu’au jour où une magnifique jument blanche taillée pour la course est livrée à la ferme suite à une erreur. L’espoir renaît.

Mais l’animal attise les convoitises et deux frangins accros au crystal-meth parviennent à s’en emparer en pleine nuit. Jim et Quentin se lancent alors sur leurs traces à travers une Amérique rurale oubliée pour tenter de récupérer la bête merveilleuse.

Joe Meno offre un magnifique roman noir dont les dialogues laconiques ponctuent la poésie douloureuse des paysages, de la lumière sur les plaines et de la fabuleuse beauté de la jument.

Mon avis

Belle couverture graphique qui attire l’œil, n'est-ce pas ?

Et un pitch qui, pour un amateur de littérature de l'Amérique profonde, peut paraître sacrément séduisant, non ?

Autant de promesses tenues tout au long de l'exacte  première moitié du roman de Joe Meno.

200 pages au long desquelles l'auteur, avec une grande économie de moyens et beaucoup de pudeur, raconte la vie de ces personnages perdus au fin fond de nulle part.

L'amitié pudique entre Jim Falls, le grand père, et Quentin, l'adolescent un peu paumé, est touchante.

Même chose pour l'amour naissant entre Jim et sa voisine, une veuve qui se remet difficilement de la mort de son mari en luttant pour maintenir à flot une exploitation trop grande pour elle.

Et l'arrivée de l'étalon blanc, un pur cheval de course, est un très bel outil narratif.

Malheureusement, lorsque l'histoire bascule avec l'enlèvement du cheval par deux dégénérés (pourquoi, à ce propos, en parler dans le pitch ? C'est franchement nul, on dirait une de ces bandes annonces de film où toute l'histoire est déroulée en deux minutes !), le roman part en vrille.

La suite ? Un road movie glauquissime, avec une série de personnages paumés sans intérêt et une succession de rebondissements dont on se contrefiche gravement.

Un mauvais thriller sans suspens, comme si Meno ne savait pas comment poursuivre son récit.

J'ai tourné de plus en plus vite les pages, que j'ai fini par survoler.

Heureusement que les dernières lignes lèvent un voile d'espoir sur l'avenir de Jim et Quentin...

Cela faisait longtemps que je n'étais pas passé par une telle partie de montagnes russes littéraire.

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