QRN sur Bretzelburg

André Franquin, Greg

Dupuis

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Le pitch

Le Marsupilami avale par gourmandise (en le confondant avec un caramel) un émetteur-récepteur radio à transistors miniature appartenant à Fantasio. À cause d'une particularité anatomique du marsupilami, l'appareil ingéré aboutit dans son nez où il se remet en marche avec le volume sonore coincé au maximum. Le transistor endommagé commence à émettre des parasites radio...

Suite à cette gaffe, Spirou et Fantasio se retrouvent impliqués dans un conflit entre le roi du Bretzelburg et la présidente du Maquebasta.

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QRN sur Bretzelburg

Mon avis

QRN sur Bretzelburg est le 18ème album de la saga Spirou. Publié en 1966, il s'agit sans le moindre doute d' un des sommets de la série, porté par la vista graphique absolue de Franquin et un scénario virtuose de Greg.

Avant d'aller plus loin dans ma critique - au cas où vous n'auriez pas cet album dans votre bibliothèque (je sais, cela parait dingue, mais cela peut arriver même aux meilleurs !) -, il me parait indispensable de vous orienter vers l'excellente version "Intégrale" de QRN, qui comporte un appareil critique (le récit de sa conception) ainsi que des planche et des illustrations inédites jusque là en album.

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QRN-sur-Bretzelburg

Une couverture d'une des éditions intégrales

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Bien, ceci dit, il suffit juste de souligner que QRN se distingue nettement du reste de la série par le thème et le traitement de l'histoire, nettement plus "adulte" que d'habitude.

J'oserais même dire ici que, sous couvert d'un aimable marivaudage burlesque et d'une série de running gags impressionnante, Greg et Franquin se sont livrés (en 1966, en pleine guerre froide !) a une critique sévère des dictatures (droite ou gauche) qui dominaient alors tout le centre de l'Europe !

Pourtant, cela commence par une très longue séquence (une bonne douzaine de pages, carrément) où les auteurs jouent sur un seul gag : le Marsupilami a avalé une radio miniature rapportée par Fantasio, et cela crée une série de perturbations sonores à n'en plus finir...

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QRN-sur-Bretzelburg

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Dans cette introduction, on est dans de la pure comédie, du gag à la Jerry Lewis, et on rigole vraiment bien (la parodie des chansons yéyé des années 60 est tout simplement géniale).

Puis, d'un seul coup, l'histoire bascule dans une sorte de drame dans lequel Spirou et Fantasio - séparés pendant quasiment toute l'histoire, ce qui n'était jamais arrivé jusque là - vont se débattre dans un mauvais rêve, dans un petit pays écrasé par une dictature terrible où un usurpateur a pris le pouvoir et, avec l'aide d'un terrible tortionnaire et de sa clique, martyrise son peuple.

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QRN-sur-Bretzelburg

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Waouh ! Je sais que, vu sous cet angle, QRN n'a pas l'air d'une franche rigolade !

Et pourtant : porté par un rythme très "film d'espionnage" (n'oublions pas que nous sommes à l'époque d'OSS 117 et de James Bond), l'intrigue progresse sans cesse, Greg transformant chaque scène a priori terrible en un épisode comique inoubliable.

Sur ce point, les scènes de torture de Fantasio par le docteur Kilikil sont des morceaux d'anthologie que tous les amateurs de BD connaissent...

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QRN-sur-Bretzelburg

Demi-planche originale mettant en scène les tortures du docteur Kilikil

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Les fans de Franquin savent qu'à cette époque, le grand créateur était dans une phase de dépression importante. Ceci explique sans aucun doute le ton un peu désenchanté de l'album et le trait stressé des graphismes.

Après, il ne restera que Panade à Champignac, pour clore la romance de Franquin avec Spirou... Nostalgie d'une grande époque !

       

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