Rackets

Thomas Kelly

Rivages/Noir

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Le pitch

Jimmy Dolan s'est frayé un chemin jusqu'à l'université en travaillant sur des chantiers de construction. Aujourd'hui il est responsable des relations publiques du maire de New York, un républicain bon teint. Mais son destin va basculer lors d'une réception à la mairie, où il est pris à partie par Frankie Keefe, le patron de la section locale du syndicat des camionneurs, qui est aussi l'instrument de la Mafia.

Jimmy ne peut s'empêcher de riposter et envoie Keefe au tapis, ce qui lui coûtera son poste. Au cœur de l'altercation entre les deux hommes, la réélection du leader du syndicat, poste auquel Mike Dolan, le père de Jimmy, est candidat. Un candidat gênant. Toute sa vie, il s'est battu pour un syndicalisme honnête, mais il ne bénéficie pas de la moindre protection, comme il l'apprendra à ses dépens. Pris dans une nasse d'intérêts contradictoires, la famille Dolan va devoir affronter de redoutables adversaires...

En exergue de Rackets figure cette phrase de Jimmy Hoffa, qui fut le patron du syndicat des camionneurs américains : "Chaque homme a son prix ; le vôtre, c'est combien ?" Le vrai sujet du livre est là

Mon avis

En refermant cet épais roman - 600 pages denses et sombres - je me suis demandé une nouvelle fois : mais comment se fait-il que Thomas Kelly, l'auteur du génial Les bâtisseurs de l'empire, soit complètement inconnu des français ?

La qualité de son écriture, les thèmes évoqués, son sens du récit : tout concourt pour que cet écrivain américain d'origine irlandaise (on s'en serait douté !) s'inscrive tout en haut de la liste des plus grands du roman policier littéraire.

Et pourtant... difficile de trouver ses livres en librairie, il avait fallu que je fouille le rayon Rivages/Noir du dernier salon du livre pour dénicher enfin son premier roman, Le ventre de New-York !

La seule explication objective que je vois à ce manque de notoriété est sa sécheresse créatrice : trois romans en dix ans, le dernier datant de 2005 et depuis... rien.

Une telle exigence et rigueur intellectuelle est tout à son honneur, mais quel dommage !

Rackets est, à l'instar de ses autres romans, un polar historique et sociologique. Histoire récente (nous sommes dans les années post reaganienne) et sociologie du peuple new-yorkais.

En cela, il est pour moi extrêmement proche des préoccupations et des thèmes du très, très grand Denis Lehanne.

Ce rapprochement me parait particulièrement évident quand on ose esquisser un parallèle entre Rackets et Un pays à l'aube.

Toile de fond : l'histoire de l'imbrication et l'interaction entre la police d'une grande ville (New-York d'un côté, Boston de l'autre) et le milieu syndical et politique.

Les acteurs : les irlandais.

L'intention : la lutte des classes, la paupérisation.

Ambiance : noire, très noire, souvent sanglante.

Un message social (Kelly a exercé tous les métiers les plus durs) qui fait également penser au grand auteur Upton Sinclair, mais avec la volonté systématique de l'auteur de raconter une histoire, et de rendre le récit accessible au lecteur; mieux : passionnant.

Thomas Kelly a déclaré un jour : je pense que le premier travail d’un écrivain est de divertir, mais aussi de raconter une histoire qui, de manière plus large, parle de la condition humaine, et enseigne peut-être quelque chose.

Cette profession de foi devrait être celle de tout grand écrivain.

Si vous considérez, comme moi, qu'une des plus grandes séries TV américaines est The Wire (même toile de fond, même sujet, mais à Baltimore), il est temps de vous plonger dans ce roman. Sérieux.

 

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