Soumission

Michel Houellebecq

Flammarion / J'ai lu

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Le pitch

Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s'engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l'enseignement, il s'attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques.

Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.

Le talent de l'auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant ; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste. Ce livre est une saisissante fable politique et morale.

Mon avis

La sortie de Soumission en format poche début 2017, c'est l'occasion de lire enfin, à deux ans d'intervalle, le roman de Michel Houellebecq qui fit, lors de sa publication, l'objet d'un débat médiatique extraordinaire.

Avec le recul, que reste-t-il des accusations de provocation contre l'auteur, cette manière d'imaginer le passage de la France à une république islamique, la transition s'effectuant paradoxalement de manière parfaitement démocratique ?

Le premier constat, c'est que la lecture des contempteurs du livre, début 2015, s'est effectuée sous la terrible pression déformante des attentats de janvier 2015, et que la vision des lecteurs en a été complètement altérée.

Ce livre n'est pas un pamphlet, c'est une mise en perspective d'un certain nombre de sujets qui agitent notre société, mais effectuée avec une très grande maladresse. Car le livre de Houellebecq (que je considère comme le plus grand auteur français contemporain) n'est pas un bon livre.

Si l'on prend le roman comme un exercice de spéculative fiction, je ne peux m'empêcher de me rappeler les dizaines de merveilleux livres de SF que j'ai pu lire au fil des décennies et qui traitent de sujets approchants avec infiniment plus de subtilité, de précision, et de talent.

Et rien que pour rester sur le périmètre houellecquien, je vous invite plutôt à lire La possibilité d'une île, dont la richesse de réflexion prospective sur l'humain est incomparable avec cette tambouille mal (ou trop vite) cuisinée.

Si on prend l'essai romanesque comme une tentative de provocation, c'est totalement décevant : coïtus interromptus, Houllebecq ne dépasse jamais la troisième (vitesse) et effectue une sortie de route au premier virage.

Et si on le prend comme ce qu'il est, et rien de plus, c'est à dire une oeuvre littéraire normale, il faut bien avouer que, passé le premier chapitre, au style éblouissant (les six pages valent à elles seules l'achat du livre) et quelques brillants passages fugaces, on s'enquiquine sacrément (j'évite les gros mots, conseil de ma maman...).

Cela n'aurait pas été Houellebecq, j'aurais laissé tomber le livre en plein milieu : la troisième partie - le voyage en province - est absolument mortel, sans aucun intérêt !

Deux ans plus tard, il reste, visibles comme le nez au milieu de la figure,  d'innombrables incohérences factuelles (quelle idée de situer le roman dans un avenir si proche !) avec un Hollande qui termine son second mandat en 2022 avec Valls comme premier ministre, et des petites vannes très nulles balancées sur le personnel politique et journalistique français (François Bayrou, Christophe Barbier) qui parasitent complètement la lecture.

Une vraie grosse déception : c'est une critique sincère d'un fan, d'autant plus déçu. Ce qui ne m'empêche pas d'attendre le suivant avec impatience.

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