Un singe en hiver

Antoine Blondin

La table ronde/ Folio

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Le pitch

Le jeune Fouquet, père d'une petite fille et divorcé, échoue à Tigreville en Normandie. Il loge au Stella, un hôtel tenu par M. et Mme Quentin. Une amitié, qui confine à celle qui unit un père et un fils, se noue entre les deux hommes. Tous deux font des rêves d'ailleurs (la Chine pour l'ancien combattant, l'Espagne pour le jeune homme) : mais si Fouquet aime la boisson, Quentin a juré de n'y plus toucher.

Dans ce cadre spectral d'une station balnéaire normande, Un singe en hiver narre le rapprochement de ces deux êtres ; qui, à leur manière, éprouvent bien du mal à vivre dans ce monde, pétri de douleur et de solitude. Ils trouveront le réconfort, communieront, lors d'une soirée épique, où ayant abjuré, M. Quentin se saoule et entraîne Fouquet dans son délire.

« Ainsi, en Chine, l'hiver, des singes égarés se réfugient dans les villes. Quand ils sont assez nombreux, on chauffe un train pour eux et on les renvoie vers leurs forêts natales. »

Mon avis

Lorsqu'on relit Un singe en hiver, il est impossible de ne pas regretter qu'Antoine Blondin n'ait pas consacré un peu moins de temps au journalisme - par passion et par obligation économique - et un peu plus à la littérature, pour l'art.

Car, tout de même, quel sacré talent dans cette plume trempée dans l'encrier de la foi dans l'humanité !

J'aurais pu ajouter : quel dommage qu'il n'ait pas consacré également  un peu moins de temps à la picole pour écrire, car en plus il serait sans doute mort moins jeune.

Mais je ne le fais pas, car sans picole, il n'y aurait pas ce bouquin merveilleux, véritable hymne à l'amitié alcoolisée !

Attention ; : pas l'amitié pochetronne de base, médiocre, petite !

Non : l'Amitié Alcoolisée avec deux grands A (Tiens : comme Alcoolique Anonyme ?!), grandiose, spectaculaire !

Tout le monde connait le film de Verneuil adapté du roman, ou à peu près.

Normal : c'est un chef-d'oeuvre.

Mais, pour ceux qui ne connaîtraient pas le livre ou, pire, qui ne sauraient pas qu'il y avait un livre avant le film, je me permets une petite suggestion : jetez un nez dans ce roman, une des œuvres marquantes de la littérature française des années 50.

Dans le style, tout autant que dans le contenu de ce récit, il y a toute la France de l'après-guerre.

Les années noires, les colonies, la vie un peu grise, un peu fauchée, pas très folichonne.

Mais, contrairement à beaucoup d' autres auteurs marqués très à droite (ce qu'il était) Blondin arrive à introduire dans ce contexte finalement assez déprimant un humour (parfois un peu désespéré), une vista stylistique (quel sens de la formule !) et une croyance en l'homme qui ne manque pas de panache.

Un livre qui ne risque pas de quitter les rayonnages de ma bibliothèque idéale.

Je vous ai tenté ? Alors, foncez, mes amis !

 

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