Une duchesse américaine

Consuelo Vanderbilt Balsan

Editions Taillandier

Partager sur :

Le pitch

Née en 1877 à New York, Consuelo Vanderbilt est issue d'une dynastie de milliardaires américains. Mariée contre sa volonté au 9eme duc de Marlborough, elle rejoint une aristocratie anglaise dont les codes de conduite lui sont imposés.

Elle mène la vie de la café society dans une Angleterre victorienne finissante et cosmopolite, où elle côtoie entre autres la reine Victoria, la famille impériale russe ou son cousin et confident Winston Churchill. Séparée de son époux en 1906, la duchesse s'installe à Londres et devient militante pour les droits des femmes et des enfants. Divorcée en 1921, elle épouse l'aviateur français Jacques Balsan, et mène à Paris une vie mondaine et philanthropique.

Avec élégance et humour, Consuelo Vanderbilt nous dépeint les moeurs, les fastes et les ombres d'un monde en déclin et le destin d'une femme qui avait compris que tout ce qui brille n'est pas or.

Mon avis

Non ! S'il vous plait, ne fuyez pas !

Sauf si vous êtes abonné depuis trente ans à Point de vue, vous risquez de détourner rapidement le regard de ce livre, au pitch peu attrayant pour celui qui ne s’intéresse pas à l'aristocratie anglaise.

Et pourtant, ce serait une erreur !

Sans conteste, l'autobiographie de Consuelo Vanderbilt est absolument passionnante, délicieuse, un véritable livre d'Histoire - avec un grand H - comme il y en a peu.

*

Une duchesse américaine

Portrait par Paul-César Helleu

*

Consuelo Vanderbilt a eu la chance - et non pas le mérite - de naître à la croisée des chemins.

Chemin du passage du XIX° au XX° siècle, de la fin d'un monde capitaliste classique au début du monde moderne.

Chemin de l'Amérique économiquement triomphante et chemin de l'Angleterre aristocratique agonisante.

Elle aurait pu se contenter, comme la plupart de ses pairs milliardaires et/ou aristocrates, de vivre sa vie en toute insouciance, classique figure ethnocentrée et égocentrée.

*

Une duchesse américaine

*

Mais la "pauvre petite fille riche" au physique remarquable (quelle grâce !) a porté sur son existence et son époque un regard (gentiment) critique, avant d'écrire ce témoignage absolument exceptionnel, tant son rare les récits "de l'intérieur" provenant de ce milieu.

Dans un style parfait d'une grande élégance, elle raconte, dans un long récit de plus de 400 pages bien tassées bourré d'humour, les différentes phases de son existence hors norme.

Le premier quart est consacré à sa jeunesse américaine.

Les anecdotes sur le combat mené par les grands capitaines d'industrie pour avoir la plus grosse (maison, fortune, collection de tableaux) dans le New-York de la fin du XIX° siècle, sont délicieuses.

*

Une duchesse américaine

La duchesse et ses enfants

*

Les deuxième et troisième quarts racontent son mariage avec un personnage prestigieux du royaume britannique, puis son intégration dans l'intolérante et fauchée aristocratie anglaise, si critique à l'égard des cousins américains (forcement des péquenots !) alors même qu'elle leur "vend" ses titres pour sauver financièrement ses châteaux et son standing.

Impossible de ne pas penser, alors, en contemplant ce choc de cultures, au dernier roman d'Edith Wharton, Les boucanières, qui traite exactement de ce sujet.

Le cœur du livre est absolument passionnant.

On voit défiler sous nos yeux ébahis l’Angleterre post-victorienne "d'en-haut", avec son cortège de traditions.

Consuelo Vanderbilt, en tant que Duchesse de Malborough, se retrouve aux toutes premières loges des cérémonies marquant la vie du trône (elle sera demoiselle d'honneur lors du mariage royal) et fréquente son cousin par alliance Winston Churchill.

*

Une duchesse américaine

Consuelo Vanderbilt et son cousin Winston Churchill

*

Elle voyagera beaucoup à travers l'Europe et fréquente les meilleurs artistes.

On découvre avec elle le Paris du début du XX° siècle ou - c'est fascinant - son séjour à la cour des Romanov, bien avant la révolution russe.

Le dernier quart du récit, consacré à sa vie après son divorce et son remariage avec le français Jacques Balsan, est un ton en dessous en matière d'intérêt historique, mais il se lit tout de même avec plaisir.

Une américaine, adoptée par la culture anglaise et amoureuse passionnée de la France (elle y passera l'essentiel de la fin de sa vie) : voilà l'auteure et le personnage principal d'un Tourne Page inattendu, mais qu'il serait franchement dommage de négliger.

Chaudement recommandé !

 

Acheter sur Amazon

Du même auteur