BUG

Intégrale

Enki Bilal

Casterman

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Le pitch

BUG définition. En français : se dit d'un défaut affectant un programme informatique. En anglais : se dit d'un insecte, d'une bestiole, d'un virus...

En 2041, la Terre est confrontée brutalement et simultanément aux deux. Un homme, seul, se retrouve dans la tourmente, convoité par tous les autres...

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BUG

Mon avis

Enki Bilal a franchi la barre des 70 ans, mais le grand auteur et peintre ne montre aucun signe de lassitude : la preuve avec BUG, la série d'albums entamée en 2017 et qui, à ce jour (critique écrite en 2022) en est à son troisième volume.

Depuis 1975 et La croisière des oubliés, Bilal surfe sur un succès jamais démenti et toujours justifié. Au delà même du monde de la BD, il est même, désormais, un des artistes français dont les compositions sont les mieux cotées sur le marché de l'art.

Alors, après 45 ans de carrière, que penser de son nouveau bébé ? A vrai dire, j'avoue avoir été rapidement emballé par la vista du maître graphique, qui retrouve ici avec un plaisir évident la veine SF qui lui avait si bien réussie avec la trilogie Nikopol.

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BUG

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Il faut dire que, dès les premières planches du premier volume, le lecteur ne peut être que happé par l'ingéniosité du postulat de départ : et que deviendrait l'humanité si, du jour au lendemain, l'intégralité des données informatiques disparaissaient de la surface de la terre ?

Distillant avec beaucoup de savoir-faire les éléments d'un tableau totalement anxiogène, Enki Bilal déroule un script scénarisé avec brio.

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BUG

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Multipliant les points de vue à travers le globe et l'espace, il balade avec habileté le lecteur qui tourne et tourne les pages, pour savoir la suite. Un vrai travail de feuilletoniste, à l'ancienne, qui pourrait d'ailleurs faire une excellente série télévisée, avec un découpage déjà quasiment prêt !

Tout cela fonctionne parfaitement pendant plus de 150 pages, mais  en découvrant le troisième tome, impossible de ne pas noter la baisse progressive du rythme pour un scénario qui perd un peu en consistance et s'éparpille un brin.

Espérons que les deux derniers volumes, prévus pour clore la saga, seront au niveau du démarrage : une réelle crainte de ma part car il est évident que Bilal, scénariste, n'a jamais réussi à égaler les sommets de son alter ego, Pierre Christin, lorsqu'ils travaillaient ensemble dans les 70's et 80's.

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BUG

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Sur le plan graphique, rien à dire : c'est du 100 % Bilal, un des auteurs dont le style - souvent superbe - a le moins changé (évolué ?) au cours de sa carrière.

J'adore toujours ses ambiances, ses couleurs, ses paysages même si, en parcourant les albums de sa "grande époque", j'ai pu réaliser à quel point ses dessins ont perdu en précision réaliste, comme s'il distillait désormais ses vignettes au travers d'un prisme quasi impressionniste...

J'ai par contre toujours un peu de mal avec les visages de ses personnages, qui se ressemblent tous, avec ces traits taillés à la serpe.

Un autre regret : le format de l'album (vraiment petit, bien en deçà des standards de la BD) qui ne permet pas de mettre suffisamment en valeur le travail du peintre et dessinateur.

Bilan des travaux au 3/5ème de la construction: du solide, professionnel, du très bon Bilal... mais quel dommage qu'il faille attendre encore sans doute 4 ou 5 ans pour en connaitre la fin !

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