Humus

Gaspard Koenig

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Le pitch

Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d'ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l'uniforme du parfait transfuge sur la scène du capitalisme vert. Arthur, enfant de la bourgeoisie, tente de régénérer le champ familial ruiné par les pesticides mais se heurte à la réalité de la vie rurale.

Au fil de leur apprentissage, les deux amis mettent leurs idéaux à rude épreuve. Une histoire de terre et d'hommes, d'amitié et d'illusions perdues, dans la plus pure tradition réaliste.

Mon avis

Gaspard Koenig est un auteur à la mode dans les cercles littéraires parisiens, et son dernier livre, Humus a recueilli des critiques particulièrement favorables en cumulant en 2023 les prix (dont le prix Interallié et le prix Jean Giono).

Il faut dire que le sujet principal de ce très épais roman se situe pile-poil au centre des questions qui agitent notre petit monde moderne.

Mais la manière dont l'auteur aborde le sujet de l'écologie et du rapport de l'homme à la nature est particulièrement original, puisque c'est par le biais de la "culture" du ver de terre qu'il confronte ses deux principaux personnages à ces question existentielles.

Pendant 200 pages, Gaspard Koenig jongle habilement avec le destin parallèle de deux jeunes ingénieurs agronomes issus du sérail parisien.

L'un se lance dans l'industrialisation du développement du ver de terre, via une start-up et des levées de fond.

L'autre prend l'exact chemin inverse en effectuant un retour complet à la nature, les deux pieds dans la terre agricole.

Les deux vont se retrouver terriblement secoués par la réalité de notre monde impitoyable...

Voilà l'occasion pour l'auteur de secouer habilement et assez violemment les milieux considérés, décrivant d'une plume plutôt alerte et acide la boboïsation des milieux universitaires, la trajectoire dérivante des écologistes extrémistes, les milieux d'affaires qui ne s'intéressent à l'écologie que pour en tirer autant de profit que possible.

Malheureusement, une fois sa double fusée lancée, j'ai eu l'impression que l'auteur n'avait pas vraiment prévu la direction où il voulait la diriger.

La seconde partie du roman est convenue, sans la moindre surprise scénaristique (chaque péripétie est annoncée longtemps à l'avance) et se termine sur des scènes d'émeutes politiques que j'ai trouvé parfaitement ridicules d'invraisemblance.

Moyennant quoi, j'ai tourné les pages de plus en plus vite, non pas par plaisir, mais simplement pour savoir comment ce pensum se terminait.

Cette impression désagréable a surtout été renforcée par la manière dont Gaspard Koenig brosse la silhouette de ses personnages principaux.

D'un côté, deux hommes présentés comme deux universitaires vraiment stupides, d'une naïveté si confondante qu'il est difficile d'avoir de l'empathie pour eux.

De l'autre, deux femmes d'une méchanceté et d'un égoïsme si caricaturaux que les lecteurs ne pourront qu'être perturbés par la misogynie foncière de l'auteur.

Pour résumer : une idée de départ particulièrement originale, malheureusement gâchée par une plume manquant vraiment de subtilité.

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