Papa courait les paris

Louise Meriwether

10/18

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Le pitch

À l'été 1934, nulle part les effets de la Grande Dépression ne sont plus criants qu'à Harlem, où sont établies Francie, douze ans, et sa famille. Dans l'incapacité de trouver un travail, le père s'adonne à une série de paris tandis que la mère essaie péniblement de joindre les deux bouts. Francie, elle, est une grande rêveuse, qui sent néanmoins dans sa naïveté d'enfant qu'il y a des risques partout, surtout pour une fille noire à l'aube de son adolescence.

Mais .Harlem, source de tous les dangers, est avant tout un lieu d'amour et de tendresse où s'expriment l'humour, la colère et la vitalité d'une communauté solidaire.

Mon avis

Il a fallu plus d'un demi-siècle ( 53 ans, très précisément) pour que le roman de Louise Meriwether, considéré comme un classique aux Etats-Unis, soit enfin traduit en français.

Paradoxe : l'édition française, en mars 2023, précédera de six mois la mort de la grande auteure afro-américaine, décédée à l'âge de 100 ans, tout rond !

En dévorant et en savourant ce court roman, je n'ai pas arrêté de me dire qu'il était vraiment dommage d'avoir du attendre si longtemps pour lire ce merveilleux récit, et je ne peux que remercier Philippe Rey de l'avoir enfin édité.

Je ne vais pas passer des heures à tenter de vous convaincre de lire cette petite merveille : je vous somme (méthode dure), je vous supplie (méthode soft) de vous plonger dans ce récit raconté à la première personne.

La narratrice, c'est Francie, une préadolescente, la seule fille d'une famille noire qui habite à Harlem.

Francie, c'est aussi, on le devine la figure romancée de Louise Meriwether.

En près de 250 pages d'une chronique au jour le jour de quelques semestres de son enfance, Francie dépeint l'ambiance, le cadre, les heurts, les malheurs et les moments de joie, les petits plaisirs et les grandes tristesses de cette communauté pauvre, victime de la ségrégation en pleine crise économique.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser avant d'entamer sa lecture, Papa courait les paris (traduction littérale du titre américain) n'est pas un drame.

Au contraire : Louise Meriwether, avec une verve incroyable, parvient à introduire de l'humour, de l'espérance, parfois même de la joie dans une histoire qui est pourtant, sur le fond, très souvent dramatique.

Comment y parvient elle ? Sans doute en maintenant de la première à la dernière page son regard de romancière à la hauteur de sa narratrice.

Francie est si délurée, attachante, si naïve et en même temps souvent si rouée pour son âge (la rue, cela apporte une maturité précoce) que cette peinture tracée à grands coups de merveilleux dialogues incessants, garde les couleurs de l'espoir.

Vous cherchez un véhicule magique pour remonter 90 ans en arrière, de l'autre côté de l'Atlantique ? Alors, pas de doute, cette machine à remonter le temps est pour vous !

Coup de coeur, chaudement recommandé.

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