Le pitch

Vice d'un homme, vice d'un ordre, vice d'une époque. Découverte dans les tiroirs secrets d'un secrétaire à cylindre, la correspondance du chevalier de Saint-Sauveur court sur tout le XVIIIe Siècle et dessine l'effarant portrait d'un malfaisant.

En exposant les turpitudes de l'infâme libertin et la constance de ses infortunes, la publication de ces lettres participera, espérons-le, au triomphe de la Vertu.

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Mon avis

Développer une trilogie historique de plus de 200 planches (3*72) se déroulant au milieu du XVIII° siècle et dont le support narratif est entièrement épistolaire, il fallait oser le faire... et le réussir !

Bravo donc, à Alain Ayroles (un adepte des BD historiques, après le succès des Indes fourbes) pour le scénario, et Richard Guérineau, pour les illustrations, car L'ombre des lumières est, ma foi, fort réussi.

Au moment où j'écris cette critique, je n'ai lu que les deux premiers volets de la série, le troisième n'étant pas encore publié, mais c'est cette épopée est déjà tout à fait remarquable.

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En fait, dès la couverture des albums (de très grandes dimensions, 26*34 cm) la mise en page, le dessin réaliste et - bien entendu - les cartouches de narration qui présentent, planche après planche, le contenu des lettres que s'échangent les personnages, le lecteur sait qu'il découvre un véritable hommage assumé aux Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos.

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En référence explicite à ce monument de la littérature, Ayroles raconte, dans le premier tome, comment le Chevalier de Saint Sauveur, perfide héros libertin sans morale va, pour relever un défi d'une amie aussi licencieuse que lui, séduire une demoiselle fraiche et innocente jusqu'à lui faire perdre son honneur.

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Style précis, précieux, délicieux, dessins tout aussi précis et d'un réalisme coquin qui va, à certains moments, dévoiler les corps : le lecteur est plongé près de trois siècles en arrière dans l'ambiance de la cour versaillaise.

Pas de doute : la lecture du premier volet est séduisant même si, passé un twist attendu, l'histoire semble dans sa deuxième partie patiner un tantinet.

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Heureusement, les auteurs ont prévu des munitions car, dès le début du deuxième tome, l'intrigue de cour devient une aventure rocambolesque qui se déroule de l'autre côté de l'Atlantique, au Canada.

Pour le coup, l'exercice épistolaire perd un peu de sa raison, mais au profit d'une plongée dans les territoires encore peu connus du grand nord, avec les tribus indiennes indigènes, et c'est vraiment passionnant.

Précisément découpé, le scénario est vif, rapide, bourré de rebondissements. Un plaisir, j'attends à impatience le dernier tome, prévu fin 2025 !