Le pitch

Une petite ville américaine ravagée par la fermeture de l'unique usine. Un héros qui perd non seulement son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie. Pour ne pas perdre aussi sa propre estime, il est prêt à accepter n'importe quel «petit boulot», y compris celui qu'un bookmaker mafieux lui propose...

Un portrait au vitriol de l'Amérique des laissés-pour-compte.

Mon avis

Un petit boulot, c'est mon deuxième contact avec l'auteur écossais installé aux Etats-Unis Iain Levison, après le délicieux Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques.

Les stripteaseuses était son dernier roman, paru en 2024, Un petit boulot son premier, écrit il y a plus de vingt ans, en 2002.

Plus de 20 ans d'écart ? Eh bien, pourtant, impossible de voir une évolution, aussi bien sur le fond que sur la forme, tant Levison maitrisait déjà l'art d'écrire au début de sa carrière !

Ce qu'il y a de formidable, avec cet auteur, c'est sa capacité à traiter avec une légèreté feinte et un humour sarcastique typically english des sujets contemporains souvent difficiles.

En surface, Un petit boulot est l'histoire de Jake, un brave garçon plutôt sympa qui patauge dans la mélasse de la désindustrialisation américaine et qui est prêt à effectuer n'importe quel job pour se maintenir la tête hors de l'eau.

Sauf que, dès les premières pages, Jake se laisse entrainer dans un "contrat" (le terme est voulu) qui pourrait lui permettre de régler ses dettes.

Et puis, de fil en aiguille, on découvre que ce qu'il y a dans la tête de Jake, ce n'est pas si simple que cela...

Histoire totalement improbable, comme d'habitude chez Levison, mais on s'en moque complètement car on a le nez scotché pendant trois heures dans le roman pour savoir ce qui va arriver à ce pauvre Jake, si sympathique mais si imprévisible.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas croisé le parcours d'un auteur à la prose si addictive. Un producteur en série de Tournes Pages, n'est pas merveilleux ?

Mais outre la douce rigolade dramatique que je vous propose de découvrir, je vous offre en prime une vraie critique de la société américaine actuelle.

La société des laissés pour compte du capitalisme, celle des possesseurs d'armes à feu que l'on peut acheter comme un paquet de pommes de terre, celle des hommes qui ont perdu tous leurs repères sociaux au point de ne plus distinguer le bien du mal...

Allez hop ! je poursuis ma découverte de l'univers de Iain Levison. Une succession de petits plaisirs même pas coupables !