Un linceul n’a pas de poches
Gallimard
Un linceul n’a pas de poches
Gallimard
Le pitch
Mike Dolan démissionne avec fracas du journal qui l'employait le jour où, une nouvelle fois, son rédacteur en chef lui refuse un article dénonçant la corruption dans le monde du base-ball. Avec deux amis, Dolan monte le Cosmopolite. Leur devise : intégrité, impartialité et indépendance. Ils s'engagent alors dans une guerre contre la collusion des édiles locaux.
Scandale après scandale, tandis que leurs adversaires tentent de les amadouer ou de les effrayer, l'attitude de Dolan se radicalise : plutôt mourir que renoncer ! Même lorsqu'il s'agit d'aller fureter du côté des Croisés, ces émules du Ku Klux Klan.
Mon avis
Redécouvrir (et vous faire redécouvrir) Horace McCoy : voici un de mes derniers objectifs.
C'est grâce à la lecture de son roman (surtout connu pour son adaptation cinématographique) On achève bien les chevaux, que la puissante de son style et la richesse des thèmes traitées m'ont sauté à la figure (le roman est, toutes proportions gardées, dans la lignée des Raisins de la colère de Steinbeck).
Voilà un auteur que je qualifierais de "maudit" qui, entre les deux guerres, est parvenu à mettre en scène dans des romans aux scénarios riches, ingénieux, les problèmes de l'Amérique de son époque, sans jamais parvenir à rencontrer le succès (dans un premier temps il ne parviendra pas à être publié dans son pays et ne trouvera des éditeurs qu'en Europe) et mourra à 58 ans dans l'anonymat le plus total.
Un linceul n'a pas de poche a, lui aussi, été adapté au cinéma (bizarrement, pas Jean-Pierre Mocky, en 1974) mais dans une version qui n'a pas grand chose à voir avec le texte original.
Ce texte, écrit en 1937, est juste une petite merveille de roman social.
Publié (et réédité maintenant) dans la prestigieuse Série noire de Gallimard, c'est pourtant tout sauf un polar.
Juste le récit rapide, brillant, caustique, drôle et dramatique, d'un journaliste qui décide, un jour, de rompre avec la corruption généralisée de la ville où il demeure pour, enfin, faire vraiment du journalisme.
Enquêter, interviewer, écrire et raconter ce qui se passe vraiment autour de lui : la police, vendue aux plus offrants, les chefs d'entreprise richissimes qui exploitent les ouvriers, sans oublier l'establishment qui se dissimule sous des cagoules pour colporter les pires discours racistes...
Le style est brillant, enlevé. Quasiment que des dialogues (on sent que McCoy est aussi un auteur qui écrit des scénarios pour Hollywood).
Et quelques personnages fascinants, brossés en quelques scènes bourrées d'énergie.
Lu en trois petites heures (quel Tourne Page !), Un linceul n'a pas de poche m'a fait penser au script d'une des screwball comedies qui remportaient alors un grand succès sur les écrans.
Mieux : il m'a irrésistiblement fait penser - ton, thème, écriture - à un des grands films que tournaient alors Franck Capra.
Direct dans ma bibliothèque idéale.
NB : la chute du roman est, pour l'époque, incroyablement osée.
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