L’enfer commence avec elle
Editions de l'olivier
L’enfer commence avec elle
Editions de l'olivier
Le pitch
New York, 1931. Gloria Wandrous collectionne les amants et écume les clubs clandestins dont regorge la ville en pleine Prohibition. Assumant sa beauté et sa sexualité très libre, elle provoque et vient bousculer les mondains de la haute société new yorkaise.
Weston Liggett, sa dernière conquête, est marié et père de famille. Obsédé par Gloria, Weston songe à tout quitter pour elle. Cette fois, elle pourrait bien succomber à la tentation d’une vie rangée auprès de lui, à moins que le destin n’en décide autrement.
L’enfer commence avec elle nous replonge avec délice dans l’univers cher à Francis Scott Fitzgerald et à Dorothy Parker, à travers une comédie de mœurs à la frontière du roman noir.
Mon avis
Tiens, voilà bien le livre le plus bizarre du mois !
Publié très tardivement par les éditions de l'Olivier sous un titre qui n'a aucun rapport avec le sujet du livre et qui n'a rien à voir avec le titre original (Butterfield 8), le roman de John O'Hara sorti aux Etats-Unis il y a près d'un siècle a de quoi surprendre.
Surprendre en bien, très bien même, par ses couvertures (grand format et poche) magnifiquement Art Deco.
Surprendre ensuite par la manière dont l'auteur déroule un scénario terriblement hétérogène inspiré par une histoire de mœurs survenue à New-York en 1925 qui scandalisa l'Amérique.
En fait, j'ai lu les 300 pages de ce roman comme j'aurais fait un tour de grand huit dans une fête foraine, les chapitres ou les scènes et dialogues magnifiquement écrits alternant avec des disgressions sur plusieurs paragraphes d'un intérêt limité.
Comme si John O'Hara avait rédigé son oeuvre, parfois à jeun, parfois avec un coup dans le nez.
Il n'empêche que, malgré l'inconstance (et parfois l'inconsistance) de sa rédaction, le roman fascine.
Il fascine tout d'abord par le contexte de l'histoire.
En pleine prohibition et juste après que les conséquences du krach de Wall Street aient atteint leur pleine ampleur, les aventures de Gloria Wandrous sont, à ma connaissance, le meilleur témoignage littéraire et presque documentaire de la période.
On navigue de speakeasy en speakeasy, on croise des hommes, jeune sou moins jeunes, ruinés par la dépression.
On suit des fils à papa qui, malgré la crise, passent leurs journées et leurs nuits entre sport, diner, danse et fréquentation de prostituées.
C'est formidablement bien mis en scène.
Il fascine ensuite par la peinture de ce personnage étonnant qu'est Gloria Wandrous.
Incroyable que l'auteur ait pu, en 1931, trouver un éditeur pour publier un livre décrivant un comportement aussi scandaleux !
Gloria Wandrous est le prototype puissance dix de la femme libérée comme les années 20 (les roaring twenties) ont pu en créer.
Encore mineure, elle boit comme un trou, elle couche avec tous les hommes qu'elle rencontre : bref, elle se comporte comme un homme de la grande bourgeoisie, tout ça pour disparaitre dans un accident totalement atroce !
N'hésitez pas une seconde à découvrir ce petit bijou, certes imparfait, mais tellement original !
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