Le pitch

Dans une clairière ensoleillée du centre du Gondwana, par une journée ordinaire de la fin du Crétacé, un "Tyrannosaurus rex" s’agace d’un morceau de viande coincé entre ses énormes dents. Une colonie de fourmis voisine prend le risque d’entrer dans la gueule de la bête pour en faire son festin. La graine de la première et plus grande civilisation de la Terre était semée.

De ces humbles débuts, ces deux espèces si différentes, et pourtant si complémentaires, édifieront au fil du temps une civilisation symbiotique qui connaîtra l’écriture, les mathématiques, l’informatique, la fusion, l’antimatière et même les voyages dans l’espace – un véritable Âge des merveilles ! Mais cette splendide industrie a un prix – un prix payé d’abord par la biosphère de la Terre, puis par tous ceux qui en dépendent. Pourtant, les dinosaures ont refusé de tenir compte des avertissements concernant l’effondrement écologique imminent, laissant les fourmis face à un seul dilemme : détruire les dinosaures, détruire une civilisation… ou périr avec eux ?

Dans ce récit captivant, Liu Cixin, à son meilleur, mêle fable satirique, allégorie politique et alerte écologique.

Mon avis

Pour beaucoup d'amateurs de SF, Liu Cixin, c'est l'auteur chinois de Le problème à trois corps. Une trilogie qui a remporté un succès indéniable dans le monde entier (Prix Hugo 2015), avec même - consécration ultime ! - une adaptation en série par Netflix.

Pour moi, c'est l'exemple même du grand écart qu'il peut exister entre une réputation, et la réalité.

Le problème à trois corps ? Un roman qui m'est tombé des mains bien avant la fin du premier volume, tant c'était mal écrit (allez voir ma critique sur le site, je n'y ai pas été de main morte !).

Un traumatisme littéraire qui m'a suffisamment atteint pour que je me tienne depuis prudemment à distance de l'œuvre de l'auteur chinois.

Jusqu'à ce que je tombe sur ce petit roman, sortie au début 2025 par Actes Sud, dont le pitch m'a franchement séduit. Au point que j'ai mis ma phobie de côté pour y jeter un œil.

Je ne l'ai pas regretté : deux heures de lecture plus tard, j'ai refermé le volume avec un petit sourire aux lèvres, tant l'histoire imaginée par Liu Cixin m'a séduit par son intelligence métaphorique.

Intelligence métaphorique ? Ouaouh ! Rien que ça ? Je m'explique :

L'idée de Liu Cixin, c'est d'imaginer ce qui se serait passé si, il y a une centaine de millions d'années, deux espèces avaient trouvé la voie vers la civilisation et le progrès.

Dinosaures et fourmis, dans un écosystème où chacun se sert de l'autre pour se hisser en haut de la chaine des espèces.

Pas crédible ? Ehh bien pourtant, l'auteur, en scientifique qu'il est, parvient à fournir les éléments pour qu'on y croit.

Le récit de Cixin, c'est ce qu'il se passe quand, sur terre, une (ou deux) espèces commencent à faire n'importe quoi.

Vraiment n'importe quoi : se faire la guerre, détruire la nature, épuiser les ressources de la planète, jouer avec le feu du progrès en inventant des armes de destruction massive.

Cela vous rappelle quelque chose ? Bien vu ! Le bouquin de Cixin, c'est une bonne vieille fable, une parabole métaphorique (tiens, revoilà le mot !) sur notre civilisation humaine.

Tout est raconté avec simplicité, humour (oui, Cixin peut faire de l'humour) et clairvoyance.

Pas de quoi se relever la nuit, car il n'est pas devenu un bon écrivain du jour et lendemain, mais largement de quoi s'amuser intelligemment toute une soirée, ou pendant les vacances.

Quand à la chute de l'histoire, même si elle est assez prévisible, elle est assez maligne pour satisfaire le lecteur le plus difficile.