La porte d’ivoire

Serge Brussolo

Editions du Masque

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Le pitch

Un vieux fou milliardaire, parti en expédition au coeur du Congo, a disparu. Sa fille met tout en oeuvre pour le retrouver et fait appel aux compétences de Tracy, ancienne infirmière militaire, de Russel, tireur hors-pair aux faux airs de Clark Gable, et de Diolo, fin connaisseur de la jungle. Une mission hautement périlleuse et grassement rémunérée que nos trois héros acceptent non sans trembler.

La plume délirante de Serge Brussolo nous emporte alors dans un univers complètement déjanté, dans lequel on rencontre un éléphant meurtrier, un acteur hollywoodien psychopathe, des pygmées cannibales, des missionnaires radicaux... Mais aussi et surtout la jungle congolaise, sublime et terrifiante, fascinante et dangereuse.

Une jungle qui avale tout, pour toujours. Y entrer, c'est plonger dans l'oubli.

Mon avis

Serge Brussolo est certainement le plus grand polygraphe français de ces quarante dernières années (combien de romans publiés ? Sans doute près de 200 !).

Auteur de SF, de polars, de romans historiques, de livres pour enfants et pour adolescents, il a toujours zigzagué d'un genre à l'autre, au gré de sa plume vorace et toujours inassouvie.

J'ai eu la chance de lire ses manuscrits et de le rencontrer au début des années 80, alors que je travaillais aux Editions Fleuve noir pour payer mes études.

Il était alors, à mon avis, au sommet de la qualité de sa créativité, alors qu'il était encore en pleine période SF.

Ces romans avaient tous les mêmes qualités, et les mêmes défauts.

Sa principale qualité, c'est une imagination étonnante et détonante.

Donnez une idée, un thème à Brussolo, et, à partir de votre petit point de départ, il vous pondra en un mois ou deux un roman déclinant une multitude de développements sortis de son imagination enfiévrée.

Incroyable.

Son deuxième talent, c'est celui de conteur.

Maître du roman d'aventure et du suspens, il aime faire cavaler ses héros et ses lecteurs à travers les mondes et les situations les plus spectaculaires, sans jamais se lasser.

Malheureusement, Serge Brussolo a un énorme défaut : il écrit trop, et trop vite.

C'est ce qui a empêché de porter l'auteur au delà d'une réputation de grand faiseur de romans populaires.

La porte d'ivoire, un de ses derniers bébés (d'une portée vertigineuse !) en est l'exemple parfait.

Vous avez lu le pitch ? Sympa, non ? Digne des grands films d'aventure hollywoodiens des années dorées !

Ajoutez à ce point de départ le mythe terrifiant de la fuite d'Hitler en Afrique, à la fin de la seconde guerre mondiale, et vous avez de quoi faire saliver n'importe qui.

Et comme d'habitude, cela débute plutôt bien : roule ma poule !

Puis l'histoire avance dans la jungle comme un vieux camion 4*4 qui a des problèmes d'embrayage, les roues enfoncées dans la boue et entravées par les lianes.

Le récit tangue, heurte le rocher d'une incohérence, puis deux, puis trois, passe à gué la rivière profonde d'une grosse invraisemblance... avant de sombrer dans le dernier tiers, noyé, dans un océan de non-relecture.

Le lecteur déçu, frustré, va jusqu'à la dernière page, même si les derniers chapitres, c'est vraiment n'importe quoi, parce que, bon, Brussolo, c'est quand même un sacré conteur; mais quel dommage ! Avec un ou deux mois de travail en plus...

Sacré Brussolo, va ! On garde le prochain bouquin pour les vacances, sans rancune !

     

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