Le dessein

Jonathan Munoz

Glénat

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Le pitch

"Nous n'avons pas retenu votre projet car il ne correspond pas A notre ligne éditoriale." Tous les matins, ce jeune auteur reçoit la même lettre de refus déprimante… Mais alors qu'il croit être tombé dans les abysses de la loose attitude, il fait la rencontre, déterminante, d'un vieux bonhomme aux allures de clochard, qui lui fait la surprenante proposition de le guider sur le chemin du parfait auteur de BD.

Quel message transmettre ? A quel public s'adresser ? Comment adapter son dessin au propos ?... L'art séquentiel n'a aucun secret pour lui ! Sauf que la voie pour devenir le meilleur dessinateur est longue et sinueuse. Notre jeune apprenti a-t-il seulement la force et le courage d'affronter toutes les épreuves ?

Avec humour et légèreté, sans angélisme, Jonathan Munoz retrace en une centaine de pages le parcours d'un jeune dessinateur dans le monde merveilleux mais parfois impitoyable de la bande dessinée. Dans une structure narrative proche du manga (échange entre le vieux maître et le disciple), il assimile les contraintes créatives comme autant d'épreuves à passer, apportant un regard fin et lucide sur la condition d'auteur.

Mon avis

Comment faire de l'auto-fiction en BD, comment réfléchir en abîme sur sa condition d'auteur tout au long d'un roman graphique qui s'affranchit durant plus d'une centaine de planches de toute structure narrative classique ?

C'est que parvient à faire le jeune et talentueux  Jonathan Munoz avec Le dessein, un titre qui, comme le contenu de l'oeuvre, est à tiroir.

Quel plaisir de tomber, de temps en temps, sur un projet qui sort complètement de la normalité !

Des BD, les éditeurs en publient des cargaisons tous les mois : des belles, des moches, des intelligentes, des bêtes comme les pieds de Dieudonné (je ne sais pas pourquoi,le nom m'est venu comme ça...), des audacieuses, des plan-plan.

Mais des qui ne ressemblent à rien d'autres, on peut les compter sur les doigts d'une main.

Le dessein

Allez jeter un coup d’œil sur les premières pages de Le dessein.

Avec un graphisme simple (simpliste ?), Munoz se met en scène (oui, c'est lui, ce n'est pas un chignon comme je l'ai cru au départ, mais un bonnet !).

Un auteur qui rame pour trouver un éditeur.

Et qui tombe sur un "maître à penser" très très bizarre qui va lui montrer le chemin du succès, petit scarabée...

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Dès la dixième planche, le lecteur découvre que, tiens, Munoz a un coup de patte beaucoup plus chiadé et un goût pour les couleurs bien plus subtil qu'il ne le laissait entrevoir au début.

Mais le lecteur a surtout l'occasion de rire un bon coup, et ce n'est qu'un début...

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Avec un sens de l'auto-dérision franchement top, et une capacité de mise en abîme au taquet, l'auteur nous ballade très vite bien au delà des sentiers battus.

A partir de la page 74, il plonge même le récit dans une vingtaine de planches dessinées "à la manière de", où le dessinateur à la patte d'une enfant de (grande) maternelle !

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L'ensemble du roman graphique est drôle, spirituel (dans le sens de : qui a de l'esprit) et dégage une énergie positive parfaitement stimulante.

Sacrée bonne trouvaille !

Et vive le futur de Jonathan Munoz (qui peut laisser tomber le bonnet, c'est pas trop mon genre de beauté mais, bon, chacun vit sa vie comme il l'entend !)

A lire et à offrir à tout ceux intéressés par le processus créatif côté BD.

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