Le voleur de livres

Alessandro Tota & Pierre Van Hove

Futuropolis

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Le pitch

Dans le Paris des années cinquante, où règnent Sartre et l'existentialisme, nous faisons la connaissance de Daniel Brodin. Daniel aime les livres, au point de les voler. C'est un poète. Du moins le prétend-il.

Au café Serbier, fréquenté par la fine fleur de la littérature parisienne, il est prié de déclamer un poème de sa composition. Il choisit un poème italien, pensant qu'il est inconnu de tous. C'est un plagiat, mais c'est un triomphe. Acclamations du public subjugué.

C'est tout soudain la gloire pour Brodin ! Et cette imposture, considérée comme une véritable oeuvre d'art, va le faire accepter d'une bande de « débauchés », artistes libertaires, volontairement désoeuvrés, délinquants, voleurs, alcooliques, d'où émergent Gilles, la tête pensante, Jean-Michel, la tête de brute, Ed, la tête en l'air, et d'autres encore, tous plus singuliers les uns que les autres.

Et puis il y a Colette, jolie tête bien pleine, dont Daniel tombe amoureux…

Mon avis

Le titre d'un livre, c'est souvent très important. Tenez : Le voleur de livres, cela sonne bien, c'est intriguant, et puis la notion même de "voleur de livres" ne peut que titiller la curiosité d'un grand lecteur.

C'est donc ce titre qui m'a poussé à découvrir ce roman graphique; heureusement, car la couverture est franchement très, très moche, dessin approximatif et couleurs gris marronnasse... On se demande comment un éditeur peut commettre de telles erreurs...

Ce n'est pas le seul pour ce livre. Le prix de l'eBook ? 16 €. Du grand n'importe quoi : qui va acheter un roman graphique en eBook, réalisés par deux auteurs inconnus, à un prix pareil ?!

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Le voleur de livres

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Bien, moment de colère passé, reste la question : le contenu du Voleur de livres est -il à la hauteur de son titre ? La réponse est oui, indubitablement.

Les auteurs (on ne sait pas très bien qui fait quoi dans cette histoire, entre Tota et Van Hove, qui sont tous les deux graphistes ?) plongent avec beaucoup de réalisme le lecteur dans le paris étudiant, existentialiste, interlope et communiste des années 50.*

Daniel, le héros et récitant, un étudiant doutant de lui et de son avenir, doublé d'un poète raté, joue le rôle de sous-marin pour le lecteur dans cette plongée.

Tiens, à propos : pourquoi ce titre ? Parce que Daniel est vraiment un voleur de livre compulsif !

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Le voleur de livres

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Le dessin, entièrement en noir et blanc et semi-réaliste, participe à la crédibilité du récit qui avance, avec la logique et les rebondissements des films en noir et blanc de la même époque.

Même si un des personnages ressemble (un peu trop ) à Gérard Depardieu, on s'attend plutôt à voir surgir des acteurs comme Jean-Claude Brialy, Philippe Clay, Michel Constantin ou Pierre Brasseur...

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Le voleur de livres

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Les intellectuels gauchistes ou nihilistes des cafés et des caves enfumées du Saint-Germain des prés, les cafés littéraires de Montparnasse, les étudiants désœuvrés et désorientés d'avant 68, la vie dans les chambres sous les toits à la bonne franquette, les soirées "chez les bourgeois" qui se terminent par des scandales et des coups de poing, l'abus d'alcool et de drogue... tout cela est restitué avec beaucoup de talent, tout au long d'une intrigue qui ne manque pas de finesse, beaucoup de références.

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Le voleur de livres

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Franchement, c'est vraiment séduisant... mais quel dommage que le dessin ne soit pas tout à fait à la hauteur du texte !

Si le dessin, très "jeté", cadre parfois très bien avec le propos, c'est, à d'autres moments, un peu trop limite en technicité pour ne pas gêner un peu (pas beaucoup) la lecture.

A deux ou trois reprises, j'ai même songé au fait que, sans dessin, le roman eut été encore meilleur car on en aurait plus apprécié la valeur littéraire !

Un roman graphique 100 % parisien , pour les amateurs de l'époque. Recommandé.

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