Traité d’économie hérétique

En finir avec le discours dominant

Thomas Porcher

Fayard/Pluriel

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Le pitch

« La France n’a pas fait de réformes depuis plus de trente ans », « Notre modèle social est inefficace », « Le Code du travail empêche les entreprises d’embaucher », « Une autre politique économique, c’est finir comme le Venezuela » ; telles sont les affirmations ressassées en boucle depuis plus de trente ans par une petite élite bien à l’abri de ce qu’elle prétend nécessaire d’infliger au reste de la population.

Quand ces idées ne semblent plus pouvoir faire l’objet du moindre débat, ce livre cherche justement à tordre le cou aux prétendues « vérités économiques ».

Savez-vous qu’il y a eu plus de 165 réformes relatives au marché du travail depuis 2000 en France ? Que nous avons déjà connu une dette publique représentant 200 % du PIB ? Que plus de la moitié de la dépense publique profite au secteur privé ?

Dans ce traité d’économie hérétique, Thomas Porcher nous offre une contre-argumentation précieuse pour ne plus accepter comme une fatalité ce que nous propose le discours dominant.

Mon avis

Thomas Porcher est un économiste à la mode, un économiste médiatique.

Omniprésent à la télévision, impossible de passer à côté.

Mais, au delà de son look d'éternel étudiant souriant, sa façon décontractée de dénoncer les dogmes des écoles économiques dominantes m'a toujours paru particulièrement intéressante.

Les grandes règles du capitalisme ultra libéral, les dogmes des monétarismes, les sermons récurrents sur les équilibres budgétaires, la foi dans la capacité des marchés a s'auto-réguler : autant de sujets sur lesquels il revient régulièrement avec un œil et un discours critique.

J'avoue partager en grande partie ses analyses : je suis fondamentalement keynésien.

Cet intérêt pour l'homme et ses théories m'ont donné envie de lire son dernier essai, au titre intriguant et provocant.

L'ouvrage est un tout petit format : à peine plus de 200 pages en format poche, typographie limite bibliothèque rose : Porcher n'est pas  prêt de concurrencer Thomas Piketty sur la quantité !

Et sur la qualité ? Eh bien...

J'avoue avoir retrouvé avec plaisir quelques idées reçues sur lesquels Porcher tape fort, car elles le méritent : il n'y a qu'un modèle économique, le marché du travail est auto régulant, la dette est l'ennemie absolue des pays, vive le libre échange...

Ce que j'aime bien chez lui, c'est qu'il n'a pas forcement ses propres certitudes : il refuse simplement que les autres lui imposent (nous imposent) les leurs.

Un économiste doit avoir l'humilité de reconnaître que la complexité du monde actuel lui interdit de savoir forcement ce qui est bon pour tous !

Par contre, Traité d'économie politique présente deux défauts sérieux.

Pour un document élaboré par un esprit scientifique, il manque à la fois de structure et de données.

Structure, car l'ouvrage n'a pas de plan et Thomas Porcher déroule une démonstration en spirale, revenant à plusieurs reprises sur les mêmes affirmations, comme s'il n'avait pas relu son texte avant de le donner à l'éditeur (c'est particulièrement flagrant dans le premier tiers).

Données, car pour un traité économique, cela manque singulièrement de chiffres pour étayer son argumentation !

Petit traité donc, mais à vocation essentiellement pédagogique et vulgarisatrice, à conseiller à tout ceux qui ne maîtrisent pas trop la matière et souhaite entendre une voix différente.

 

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