Amadeus

Peter Shaffer

L' Avant-Scène Théâtre

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Le pitch

Le jeune musicien Antonio Salieri fait un pacte avec Dieu. Qu'il obtienne gloire et reconnaissance dans son art, et il promet de mener une vie d'une absolue piété.

Quelques années plus tard, à Vienne, le compositeur italien jouit des faveurs de l'Empereur d'Autriche François-Joseph Il. mais en cette fin de XVIIIe siècle, la Providence accouche d'un génie : Wolfgang Amadeus Mozart. L'Europe l'acclame. Salieri s'incline.

Dupé, dépossédé de son éclat, il prépare sa vengeance...

Mon avis

Vous êtes très nombreux à avoir déjà visionné (et écouté !) l'inoubliable Amadeus de Milos Forman, un film extraordinaire qui, pour la première fois peut-être, permet de voir et d'entendre ce qu'est le génie en matière de musique. Mais savez-vous qu'il s'agit d'une adaptation d'une pièce, tout aussi merveilleuse, de Peter Shaffer ?

Si ce n'est pas le cas, je vous invite (non : si vous aimez le théâtre, ce n'est pas une invitation, c'est une obligation !) à lire cette formidable pièce en deux actes, contemporaine, qu'il écrivit en 1979, une demi-douzaine d'années avant son autre "grand oeuvre", la pièce Equus (elle aussi adaptée au cinéma).

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Imaginez un récitant, Antonio Salieri, un des deux personnages principaux de la pièce, l'homme qui, couvert de gloire pour son talent de compositeur, se voit un jour confronté au génie de Mozart et qui, jaloux à en mourir, va tout faire pour le détruire, quitte à damner son âme propre.

Le procédé est original et audacieux : Salieri propose, explique, met en perspective en s'adressant directement au public. Il est alors un vieillard, et il va montrer ce qui s'est passé trente à quarante plus tôt, à coup de flash-back où il apparaît lui-même, en beaucoup plus jeune.

Ce procédé de distanciation n'est pas nouveau, mais il fonctionne ici particulièrement bien car la mise en scène de Shaffer est complètement cinématographique et la pièce est montée comme un film (ce qui explique pourquoi elle sera adaptée - toutes proportions gardées - tel quel par Milos Forman).

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La deuxième trouvaille de l'auteur, la plus originale, est de présenter Mozart comme un être frustre, infantile, mal élevé, avec ce rire incroyable que popularisera le film, un homme qui n'est jamais vraiment sorti de l'enfance.

L'opposition formidable qui est créée entre cet homme puéril et son génie musical absolu permet de placer la pièce sur une orbite rare, celle du questionnement du divin.

Je n'en dirais pas plus : lisez ce chef d'oeuvre du théâtre du XX° siècle, la pièce est très facile à lire, rapide, bien écrite, souvent drôle, parfois tragique.

J'ai eu la chance de la voir sur scène il y a quelques années, avec Lorant Deutsch en Mozart et Jean Piat en Saliéri. C'était magique.

Si vous n'avez pas quelques frissons lors des dernières scènes, c'est que vous êtes un être insensible : même Saliéri regrettera ses actes !

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