Butcher’s crossing

John Williams

10/18

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Le pitch

Dans les années 1870, persuadé que seule la nature peut donner un sens à sa vie, le jeune Will décide de quitter le confort de Harvard pour tenter la grande aventure dans l'Ouest sauvage.

Parvenu à Butcher's Crossing, une bourgade du Kansas, il se lie d'amitié avec un chasseur qui lui confie son secret : il est le seul à savoir où se trouve l'un des derniers troupeaux de bisons, caché dans une vallée inexplorée des montagnes du Colorado.

Will accepte de participer à l'expédition, convaincu de toucher au but de sa quête. Le lent voyage, semé d'embûches, est éprouvant mais la vallée ressemble effectivement à un paradis. Jusqu'à ce que les deux hommes se retrouvent piégés par l'hiver...

Mon avis

Si je me suis lancé dans la lecture de Butcher's crossing, c'est avant tout sur les promesses conjuguées de la magnifique couverture, d'une part,  et du pitch de la quatrième de couverture, particulièrement séduisant.

Mais c'est aussi, lorsque j'ai réalisé, très vite, que l'oeuvre était le deuxième roman de John Williams  (sur trois écrits, seulement, tout au long de sa vie, achevée en 1990) : j'ai découvert ce magnifique auteur il y a quelques années grâce à Stoner, formidable récit traduit en français grâce à Anna Gavalda.

Pourtant, ici, strictement aucun rapport avec Stoner, récit de la vie désastreuse d'un fils de paysan devenu professeur de littérature américaine.

Juste un récit du midwest, une plongée dans les profondeurs du Kansas en 1870.

Quatre hommes qui partent chasser le bison et affronter les merveilles, mais surtout les terribles dangers de la nature alors quasi inviolée.

Ce roman s'inscrit donc dans la mouvance du récit historique américain, centré sur la conquête, à partir de la deuxième partie du XIX° siècle des territoires inconnus, à l'ouest, et des populations "sauvages" que l'homme blanc affronte pour survivre et s'installer.

Ce mouvement de la littérature américaine, particulièrement important depuis quelques années, alimente chaque année la production de centaines de récits, centrés sur le "mythe américain" et sa part d'ombre.

Paysans, cowboys, chasseurs, aventuriers de la nouvelle frontière sont les héros de ces romans, qui sont parfois, lorsqu'ils sont écrits par de grands auteurs,  de véritables chefs-d'oeuvre, comme Lonesome Dove, de Larry Mc Murtry.

Souvent, trop souvent, cela donne surtout du "western" basique, sans souffle, sans inspiration.

Butcher's crossing se situe heureusement du bon côté de la frontière : roman initiatique d'un extrême classicisme dans le fond et la forme, il satisfera tout lecteur pour qui la plongée dans un univers hyper-réaliste - presque documentaire - par la grâce d'une plume élégante, est un plaisir. Ce qui est mon cas !

N'attendez pas de surprises, de switchs impressionnants au cours de la lecture de ces trois cents pages : le pitch vous a quasiment tout dit sur l'intrigue.

Ce que ne peut, par contre, révéler la présentation de l'éditeur, c'est avec quel talent John Williams va vous embarquer au cœur de l'automne, puis de l'hiver du Kansas, pour chasser le bison et pour survivre.

Son style à la fois élégant et précis, sa plume attentive à tout ce que ce qui sollicitent les sens de ses personnages (les bruits, les goûts, les odeurs, les couleurs) plonge de manière saisissante le lecteur au cœur de l'aventure des quatre hommes au cœur simple.

Attention : ce n'est pas une histoire pour les enfants et les bisounours ! L'histoire est souvent violente, cruelle, la nature et les hommes sont impitoyables...

Je n'en dirais pas plus. Certains trouveront que le roman manque de surprises et complexité scénaristique; sans doute.

Cela ne m'a pas empêché de prendre un plaisir évident, et constant, tout au long de ma lecture et de vous le recommander chaudement, pour peu que, comme moi, vous soyez en quête d'une certaine qualité littéraire, tout simplement.

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