Ce que le jour doit à la nuit

Yasmina Khadra

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Le pitch

Algérie, années 1930. Les champs de blés frissonnent. Dans trois jours, les moissons, le salut. Mais une triste nuit vient consumer l'espoir. Le feu. Les cendres. Pour la première fois, le jeune Younes voit pleurer son père.

Confié à un oncle pharmacien, dans un village de l'Oranais, le jeune garçon s'intègre à la communauté pied-noire. Noue des amitiés indissolubles. Et le bonheur s'appelle Émilie, une " princesse " que les jeunes gens se disputent. Alors que l'Algérie coloniale vit ses derniers feux, dans un déchaînement de violences, de déchirures et de trahisons, les ententes se disloquent. Femme ou pays, l'homme ne peut jamais oublier un amour d'enfance...

Mon avis

Yasmina Khadra (un pseudonyme, son vrai nom est Mohammed Moulessehoul) est indubitablement un des grands auteurs francophones de ces derniers décennies.

Au cas où vous en douteriez, je vous invite à découvrir peu à peu, par petites doses, l'oeuvre considérable (une bonne trentaine de romans) de cet écrivain algérien qui écrit en français.

Pour ma part, j'ai commencé il y a quelques années par un roman atypique dans son inspiration, Dieu n'habite pas la Havane, qui se déroule à Cuba (Khadra écrit habituellement des récits qui se déroulent sur le pourtour de la méditerranée).

Plus tard, je suis passé par le grand huit émotionnel de Les hirondelles de Kaboul, peut-être le roman le plus fort, le plus intense et le plus terrifiant jamais écrit sur le règne des talibans en Afghanistan.

Aujourd'hui, c'est sur les traces historiques de son pays natal que l'on part.

Ce que le jour doit à la nuit est un roman formidablement écrit (comme toujours) qui évoque, sur plus de 400 pages serrées et sur plusieurs décennies, le destin des pieds noirs.

Le roman débute dans les années 30 par plusieurs chapitres absolument terrifiants où l'on découvre la misère absolue d'une famille au père dysfonctionnel, à la campagne puis dans les quartiers pauvres de la ville d'Oran, sous la plume narrative du tout jeune Younès.

Une lecture qui se fait la gorge serrée et les larmes aux yeux.

Après, c'est le passage à l'adolescence, puis à l'âge adulte, du héros, durant la seconde guerre mondiale puis à travers la guerre d'indépendance.

Le roman est plein jusqu'à la gueule de portraits inoubliables, jeunes, vieux, "collaborateurs" du pouvoir colonial où activistes de la révolte vers l'indépendance.

C'est, en même temps, une peinture d'une époque, d'une ambiance, dont Yasmina Khadra parvient à restituer les couleurs, les odeurs, les ambiances.

Le jeune héros au caractère fragile et indécis traversera toutes les phases de ce qu'est la vie d'un jeune homme, dont une histoire d'amour déchirante qui exaspérera et bouleversera en même temps le lecteur (je n'en dit pas plus).

Le roman est absolument merveilleux de subtilité et d'émotions, jusqu'à la 4ème partie de l'œuvre, 40 pages qui se déroulent ailleurs et plus tard.

Une conclusion que j'ai trouvé inutile, superfétatoire, et qui m'empêche de décerner une note parfaite à cette lecture que -ce point de détail mis à part - je vous recommande très, très chaleureusement.

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