Un dernier verre au bar sans nom

Don Carpenter

10/18

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Le pitch

Lorsqu’il rencontre Jaime sur les bancs de la fac, Charlie en tombe immédiatement amoureux. Elle est bien meilleur écrivain, mais c’est lui qui décroche un prix et ambitionne d’écrire le «Moby Dick de la guerre ».

Dans le sillage charismatique du couple, déménagé à Portland, une bande d’écrivains se forme. Au tournant des années 1950-1960, tous rêvent de succéder à une Beat Generation agonisante. De la Californie à l’Oregon, entre succès éphémères et échecs cuisants, ils écument les bars de la côte Ouest et font le deuil de leurs illusions.

Ce magnifique roman posthume, tiré de l’oubli grâce au dévouement de Jonathan Lethem qui s’est occupé d’éditer le manuscrit, déploie tous les thèmes chers à Don Carpenter qui y livre une ultime déclaration d’amour, amère mais lumineuse, à la littérature.

Mon avis

L'histoire de l'édition est jalonnée de textes inédits de grands auteurs retrouvés après leur mort et publiés, tels quels ou retravaillés, dotés d'un important appareil critique pour expliquer l'intérêt d'une telle publication.

La plupart du temps, le résultat est décevant, parfois même pitoyable.

Car, si l'auteur n'avait pas proposé le roman, les nouvelles ou l'essai à un éditeur, c'est sans doute parce qu'il considérait que le texte n'en valait pas la peine; et qui mieux que l'auteur peut juger de la valeur de ses propres écrits ?

Mais, de temps un temps, un petit miracle survient.

Et c'est le cas pour Un dernier verre au bar sans nom qui, remanié a minima par l'auteur Jonathan Lethem comme ce dernier l'explique fort bien et de manière totalement transparente dans la postface du livre, se révèle être un bijou de roman, un véritable petit chef-d'oeuvre !

Don Carpenter s'est suicidé en 1995, alors qu'il avait tout juste la soixantaine, tourmenté qu'il était par une série de maladie.

Avant de mourir, il s'est lancé dans cette entreprise d'une finesse incroyable.

Le roman fait 450 pages d'une grande densité.

De nombreuses heures de lecture, donc, mais, soir après soir,  je n'ai pas quitté le texte des yeux afin de connaitre les destinées croisées de Charlie, Jaime et Stan, les trois personnages centraux - mais pas les seuls - de ce roman de la côte ouest, typiquement californien.

Fridays at Enrico's (le titre américain, plus réussi que sa traduction) est fascinant pour un grand lecteur passionné depuis toujours par l'écriture, comme je le suis, et car il traite avant tout de ça : la passion d'écrire.

Trois personnages et trois façon d'aborder et de vivre l'écriture avec ses échecs, ses succès. Le travail quotidien, la méthode, les doutes.

La procrastination, l'inspiration.

Les droits dérivés, les rapports avec le cinéma (là,c'est l'histoire personnelle de Don Carpenter).

Le talent... et l'absence de talent.

Tout ce que raconte Carpenter est passionnant car c'est l'âme des auteurs qu'il met sur la table de ses lecteurs, décryptée.

Je n'essaierai pas d'en dire plus : si vous aimez les livres et les auteurs - je pense que c'est le cas si vous êtes sur ce site !- précipitez-vous sur cette petite merveille écrite avec la subtilisez narrative et le style des plus grands auteurs américains.

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