Le pitch

Les grandes aventurières ne sont plus seulement des courtisanes : ce sont des conquérantes d'un type nouveau apparu dans la première moitié du XIXe siècle. Des femmes qui voulaient être des géographes, des botanistes, des ethnologues - bref des exploratrices à part entière !

Et elles ont conquis le monde, d'est en ouest et du nord au sud, le collet bien monté, pour que leur vertu ne soit en rien suspectée, leur corset étroitement lacé.

Mais sous leur armure vibraient des émotions violentes, des sentiments brûlants. Et beaucoup ont vécu des amours qui, pour être secrètes, n'en furent pas moins passionnées.

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Mon avis

Alexandra Lapierre a consacré sa vie d'auteure - à succès ! - à évoquer la vie des grandes figures féminines de l'histoire, celles que - jusque là - la notoriété n'avait pas frappé.

Si vous ne l'avez déjà fait, n'hésitez pas à  découvrir (parmi une dizaine d'autres destins) Fanny Stevenson (la femme bien aimée de Robert-Louis Stevenson), Artemisia (une peintre majeure du XVII° siècle italien) ou Belle Greene (directrice d'une grande bibliothèque américaine).

Que des femmes exceptionnelles, artistes, érudits ou aventurières.

Ce sont à ces dernières que Christel Mouchard et Alexandra Lapierre consacrent Elles ont conquis le monde, ce très gros et très beau livre (attention : choisissez l'édition originale brochée, acheter le livre de poche n'a pas de sens).

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Margaret Mead aux îles Samoa (1926)

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250 pages de papier glacé, 2 bons kilos d'informations sur 31 femmes qui ont, pendant un siècle, ont été des précurseurs (eh oui, encore une bizarrerie sexiste : il n'y a pas de féminin à précurseur !) en matière d'aventures.

Des femmes qui, à une époque où ces dames portaient des vêtements encombrants et étaient censées s'occuper de leurs enfants et des matières domestiques, avaient décidé de partir découvrir le monde, quitte à choquer leur milieu.

Des femmes courageuses donc, souvent obstinées, originales, décalées...

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Rosita Forbes (1890-1967)

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L'ouvrage consacre 6 ou 8 pages à chacune de ces aventurières, présentées par ordre chronologique.

6 ou 8 pages, même très grandes, c'est trop peu pour fouiller, expliquer chaque destin, et le lecteur va souvent ressentir un peu - ou beaucoup - de frustration face à ce trop peu.

Là est ma principale critique : le thème choisi est formidable, mais les deux auteures ont pêché par exhaustivité (ma grand-mère adorait le proverbe : qui trop embrasse, mal étreint !).

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Fanny Bullock Workman en tenue d'alpinisme (1910)

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Par contre, vous ne pourrez qu'être fasciné par la richesse de l'iconographie de cet album qui montre plus qu'il ne raconte (les notices biographiques manquent trop souvent de détails).

Beaucoup de dessins et d'illustrations pour les aventurières de la première partie du livre (normal : on venait juste d'inventer la photographie, et les premiers appareils étaient quasiment intransportables dans une expédition autour du monde), des photos (portraits ou témoignages en situation) au XX° siècle.

Parmi ces 31 femmes, quelques figures connues, comme Fanny Stevenson (encore elle), Karen Blixen, ou Nellie Bly (la journaliste qui fit le tour du monde en moins de 80 jours). On y trouve bien entendu aussi l'icône de la femme aventurière, Alexandra David-Néel.

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Alexandra David-Néel et Yongden vers 1920-1923

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Mais la majeure partie de ces femmes n'ont qu'une faible notoriété, alors que certaines ont eu des vies insensées ! C'est là tout l'intérêt du livre de les mettre en lumière...

Un dernier point qui m'a étonné, fasciné même, en terminant ma lecture de ce très beau livre parfait pour un cadeau : j'ai remarqué qu'un pourcentage anormalement élevé de ce femmes qui ont risqué leur vie a vécu très, très longtemps !

Plus d'une demi-douzaine de nonagénaires et centenaires, dont la doyenne, Alexandra David-Néel (101 ans !). Comme quoi, l'aventure, ça conserve !