Fastes occidentaux de Maharajahs

Créations européennes pour l'Inde princière

Amin Jaffer

Citadelles & Mazenod

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Le pitch

La fascination des maharajahs pour l'Occident et ses produits de luxe trouve ses origines dans l'histoire coloniale de l'Inde. C'est sous la domination britannique que cet engouement prit toute son ampleur. Les princes, voyageant désormais en Europe, prirent goût aux raffinements d'un savoir-vivre nouveau, et eurent tôt fait de s'approprier ses modes de vie et ses attributs les plus sophistiqués. Symboles de puissance et de majesté, bijoux inestimables, habits d'apparat, palais somptueux, mobiliers précieux ou voitures modernes confortaient en apparence une souveraineté, de fait affaiblie par l'occupant. Ainsi commandes et achats prestigieux offrirent aux grandes maisons de luxe des épisodes éclatants de leur histoire.

En explorant les archives de ces maisons comme les collections palatiales et privées, l'auteur met au jour le rôle exercé par les maharajahs en des temps où ils pouvaient dépenser sans compter. Pour la première fois est relaté le dialogue créatif établi jadis entre les maharajahs et les commerçants qui s'ingénièrent à les contenter. Truffé d'anecdotes et richement illustré, ce livre redonne vie à des créations aussi somptueuses qu'inventives, parfois mémo délirantes, répondant aux désirs de ces princes aux extravagances légendaires.

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Fastes occidentaux de Maharajahs

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Boucheron, 1928 : 118 émeraudes, 800 diamants et 43 rubis

Mon avis

Qui n'a jamais avoué sa fascination pour la magnificence du monde traditionnel des maharajahs, désormais disparu ? En tous cas, pas moi !

Depuis mes premières lectures sur l'Inde, les romans de Kipling, de Forster, ou la traversée du merveilleux et torrentueux Pavillons lointains de M.M. Kaye, je n'ai jamais cessé de m'intéresser à cette Inde traditionnelle qui, peu à peu, se verra littéralement digérée par l'empire britannique, au point de perdre son identité propre.

C'est un peu de tout cela que nous montre et nous raconte le fascinant livre d'Amin Jaffer, un magnifique album au format impressionnant, presque carré (30*26 cm et près de 3 kilos pour 300 pages d'un épais papier glacé).

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Fastes occidentaux de Maharajahs

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Amin Jaffer, ancien conservateur au département asiatique du Victoria and Albert Museum de Londres et actuellement directeur international du département des Arts asiatiques de Christie’s, est un des meilleurs connaisseurs de la période où les deux mondes, celui des maharajahs et celui de notre civilisation occidentale, se sont rencontrés.

Dans une très longue et passionnante introduction (équivalente à une soixantaine de pages standards) extrêmement bien documentée, il plante le décor en racontant comment, peu à peu, les maîtres de l'Inde traditionnelle se sont laissés attirer par la modernité de l'Europe occidentale comme des papillons par la lumière électrique.

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Fastes occidentaux de Maharajahs

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Les rajahs et maharadjahs possédaient des richesses faramineuses, notamment en argent et en pierres précieuses.

Mais, s'ils vivaient dans un faste total - palais, serviteurs - , ils découvrirent cependant avec ébahissement les charmes insoupçonnés de la civilisation et des technologies modernes, les richesses ahurissantes de la haute aristocratie britannique et le charme fabuleux des arts occidentaux  : ravissement des peintures, de l'artisanat et de la joaillerie de luxe, de la haute-couture.

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Fastes occidentaux de Maharajahs

La "swann car" fabriquée en 1910  

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Après cette introduction, Amin Jaffer expose, par section thématique (l'image, les bijoux, la garde-robe et les accessoires, l'ameublement, les passe-temps, l'architecture) tout ce que l'aristocratie indienne a pu découvrir et acquérir en Europe, avant de l'emporter en Inde.

Paradoxe incroyable : ces aristocrates qui craignaient, voire méprisaient leurs envahisseurs, finirent souvent par se laisser phagocyter par leur civilisation, au point que nombre d'entre eux furent reconduits en dernière extrémité dans leur pays natal, qu'ils finissaient parfois par complètement abandonner au profit du confort occidental.

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Fastes occidentaux de Maharajahs

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Mallette à thé (Louis Vuitton 1926)

Si vous aimez les belles choses - et notamment la joaillerie -, l'art du début du XX° siècle (art nouveau, art déco), plongez-vous dans l'iconographie exceptionnelle de cet album : photos, dessins, tableaux, croquis, votre œil passera d'une merveille à l'autre.

Certaines pièces de luxe tapageur paraissent aujourd'hui insensées, improbables. C'est tout le prix de ce témoignage que vous pourrez acquérir (moyennant 50 €, mais l'ouvrage les vaut vraiment) pour vous faire plaisir ou, peut-être, offrir à une personne de votre entourage passionnée par le sujet.

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