Haute société

Vita Sackville-West

Le livre de poche

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Le pitch

"Plusieurs lettres venaient de Londres – il était donc à Londres au mois d’août ? Pourquoi ? Était-il malheureux à ce point ? […]

Le contenu de ces lettres la tourmentait et pourtant elle aurait bien voulu le connaître. Elle hésita encore, le coupe-papier à la main. Elle avait eu le courage de n’en ouvrir aucune. Tout d’abord elle s’y était refusée de peur que ses supplications ne fissent fléchir sa résolution.

À présent, elle craignait de les ouvrir, de peur d’y trouver des supplications moins ferventes qu’elle ne l’eût espéré."

V. S.-W. Evelyn Jarrold est une parfaite représentante de la haute bourgeoisie oisive. Sophistiquée, exigeante, elle tombe amoureuse de Miles Vane-Merrick, un député réformiste, de quinze ans plus jeune qu’elle. Mais Miles, même s’il l’aime sincèrement, se sent avant tout porté vers ses ambitions et « l’ivresse du moment ».

Qui, dans cette relation complexe, pourra rester fidèle à l’autre ?

Mon avis

J'avoue humblement avoir découvert le nom de Vita Sackville-West pour la première fois en détaillant avec plaisir la délicieuse couverture et la quatrième de couverture de ce roman.

Son titre me rappelait le fameux film de Charles Walters avec Grace Kelly, Bing Crosby et Franck Sinatra... bien qu'il n'ait en fait strictement à voir avec ce dernier !

Pourtant, ce nom est associé pour l’éternité à celui de Virginia Woolf, dont Vita Sackville-West fut l'amante pendant plusieurs année et qui lui inspira son roman Orlando.

Drôle de personnalité, cette Vita.

Aristocrate et intellectuelle, auteure de nombreux romans, mariée près de soixante ans à un diplomate lui-même bisexuel, elle entretint durant de nombreuses années de sa vie des relations saphiques au yeux de tous, sans aucune gêne.

J'ai donc abordé Haute société avec curiosité, et je n'ai pas été déçu.

Roman de l'exacte entre-deux guerres (1932), il est le reflet parfait d'un monde post-victorien en train de basculer.

Les deux cents premières pages permettent à Vita SW de peindre avec une affection acerbe (l'association est possible, si si !) le monde dont elle était issue, une noblesse à bout de souffle, exsangue de toute vitalité, étouffée par le corset des conventions et l'argent facile.

Ces pages amorcent et développent la romance désinvolte et d'avance vouée à l'échec entre une héroïne évanescente et charmant jeune homme, propriétaire terrien et réformiste.

Le style est délicieux, d'une élégance classique qui cadre parfaitement avec le thème et les développements du récit; on n'est pas loin d'Henry James.

La dernière partie de l'histoire s'inscrit dans le plus pur romantisme, tel que le concevaient certains auteurs au milieu du XIX° siècle.

Chronique de la lente agonie d'un amour rompu, elle renoue avec l'idée - oh combien romantique ! - que, sans autre source de joie et de raisons de vivre, la vie ne peut être vécue une fois l'amour enfui.

Roman classique d'une femme entre deux mondes, celui de ses origines et celui de ses aspirations profondes, Haute société est d'une grande tristesse désenchantée.

   

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