Henriquet L’homme-reine

Richard Guérineau

Delcourt/mirages

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Le pitch

Mai 1574. Charles IX meurt, laissant son royaume déchiré par les guerres de Religion et toujours sous le choc du massacre de la Saint-Barthélemy. Catherine de Médicis rappelle son fils cadet Henri, alors roi de Pologne...

Henri III aura surtout marqué l'Histoire par ses moeurs et ses frasques, avérées, qui auront masqué l'incroyable complexité politique à laquelle a du faire face ce monarque atypique.

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Henriquet L'homme-reine

Mon avis

Voilà sans conteste une des BD les plus originales de ces dernières années !

Richard Guérineau s'est lancé, après une adaptation du roman de Jean Teulé Charlie 9, dans une entreprise un peu démentielle : raconter d'un bout à l'autre la vie royale d'Henri III, de son arrivée sur le trône jusqu'à son assassinat.

Résultat : un très vaste one shot de près de 200 pages d'une grande densité narrative (il vous faudra sans doute pas loin de trois heures pour en venir à bout).

Arrivé au bout de cette longue (un peu trop longue) lecture, j'ai tenté d'en faire un bilan, aussi objectif que possible.

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Henriquet L'homme-reine

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Difficile, car je n'ai jamais été vraiment convaincu par la démarche.

Et pourtant, je n'ai pu mettre de côté une certaine admiration pour la performance...

Pourtant, rien que le titre...

Franchement, un titre épouvantable.

Un titre digne des pires passages des romans de Jean Teulé, justement.

Au delà de ce premier contact, j'avoue ne jamais avoir vraiment compris la démarche de Richard Guérineau (dont je n'ai jamais douté un instant de la sincérité).

Reprendre, de manière extrêmement sérieuse et documentée, à la manière d'un historien vulgarisateur, les détails du règne d'Henri III et - corollaire évident - de l'histoire de la France durant ces années oh combien difficiles ?

Dans un style et un phrasé d'époque ?

Très bien, j'applaudis ! Même si le vocabulaire extrêmement "soutenu" (comme dirait mon fils) exclu de de facto 50 % des lecteurs, surtout parmi les plus jeunes, ce qui est vraiment dommage.

Mais sous cette forme ?!

Pourquoi, pour une telle entreprise, abandonner le dessin réaliste que Guérineau maîtrise avec un talent indéniable (j'ai adoré sa série jodorovskienne La caste des métabarons) et adopter un graphisme BD belge qui, pas un instant, ne cadre avec le fond (même si là aussi il est maître en la matière) ?

Sans compter les "interludes" où Guérineau change de style pour - initiative encore plus incompréhensible - faire rire le lecteur.

En zappant sur un graphisme primaire ou , au contraire, à une narration visuelle very old school carrément hors sujet ?

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Henriquet L'homme-reine

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Sans compter les nombreux passages scato, qu'affectionnent justement particulièrement Jean Teulé, et que je déteste !

Voilà le problème : instruire, ou faire rire, il fallait choisir.

L'album entier balance d'une page à l'autre, du début jusqu'à la fin, d'un de ces pieds, sur l'autre.

D'où le malaise.

Dommage, vraiment dommage, car le travail de synthèse historique est remarquable, pédagogique, irréprochable.

Vous voulez découvrir le fond(ement) du règne d'Henri III ?

Courez-y vite, l'album va vous plaire, car vous y trouverez la même satisfaction et la même gêne qu'à la lecture de mon jeu de mot lamentable.

 

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